"La poétique de la mort chez PCZ".

19 mai 20200
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La sortie en 2018, à l’initiative des autorités du Ministère de la culture, du coffret "Ening", la vie, de l’artiste Pierre Claver Zeng, PCZ pour ses fans, a révélé au grand jour l’immensité de la production et même de la thématique du fils de Nkolabona.

De ce révolté poète amoureux, tout mélomane averti, ayant surtout une oreille fine découvre une exaltation de l’Amour avec "Elisa", "madzing ve wa" et même “Meke.
Le fan de PCZ, à travers "Ntoum", "Africa" ou "Eldorado" va également à la rencontre d’un patriote, un africaniste, révolté à cause du mode de gouvernance des jeunes Etats du continent.

Aujourd’hui, mardi 19 mai 2020, 10 ans après son rappel à Dieu et après avoir été enterré aux côtés de son père comme souhaité de son vivant, "ngue ma wou melouang, bekele madzep evome tara abo" (Si je meurs que l’on m’enterre où mon père est couché ou enterré), tout fan de PCZ s’arrêtera forcément sur la réalité de la mort à travers "Awou", "E moan nane", l’enfant de ma mère ou mon frère et encore "Meke".

Le champ lexical de la mort si présente dans ses chansons revêt une double signification. D’une part, il y a une volonté d’intégrer la mort dans la vie, c’est-à-dire accepter sa réalité et d’autre part, l’artiste exprime son aversion contre cette destructrice.

PCZ qui semble ne pas avoir peur de la mort, la déteste à tel point qu’il voudrait engager un combat mortel avec la mort. Quel exploit ! "Awou, mebime wa mbeng nlô” ? "La mort, et si je te donnais un coup de massue sur la tête" ? Cette mort qui sépare deux frères très proches dans le titre "E moan nane". Tout fan ayant perdu un être aimé se retrouve dans cette chanson que j’ai personnellement du mal à écouter car elle me fait toujours pleurer à cause de la profondeur de la tristesse exprimée.

La chanson "Meke" qui signifie départ ou voyage ne porte certes pas sur la mort mais sa présence y est avérée avec "ezene Ening éne poison" (le chemin de la vie est un poison) ; "ntsi messong"(le cimetière) ou "besse bete ba yane awou"(tous mourront), pauvres comme riches.

Nous pouvons résumer la poétique de la mort chez PCZ, mong ye Olong, en reprenant les propos du Cardinal Robert Sarah dans "La force du silence", à la page 356 : "Mangeons et buvons car demain nous mourrons. Le souvenir de notre précarité n’est que trop insistant ; alors nous cherchons à le faire taire".

Amos MEBA, MONG YA ZOK, Homme de Lettres

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