Élection présidentielle de 2023 : un remake en perspective de 2016, 2005, 1993 ?

26 novembre 20220
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MON COUP DE COLÈRE !

À l’allure où le pouvoir prépare l’échéance de l’élection présidentielle de 2023, il est clair que les mêmes causes vont produire les mêmes effets : organisation chaotique du scrutin, fraudes massives, hold-up électoral, passage en force, émeutes, destructions de biens, forte répression avec des centaines de morts et d’arrestations...

Ce scénario peut il prendre fin un jour dans notre pays ? Combien de générations de Gabonais devra-t-on encore sacrifier pour enfin vivre le fair-play où le chef de l’État sortant, vaincu, félicite son adversaire, vainqueur, et organise une passation pacifique du pouvoir ?

Car, les seuls cas de violences collectives que notre pays connaît invariablement depuis 1990 sont liés à la contestation des élections. Il n’y a en effet ici, à la différence d’autres pays africains, ni émeutes liées à la flambée des prix des biens et services, ni de manière générale celles liées à la pauvreté du plus grand nombre qui vit en dessous des seuils sociaux internationalement admis.

La preuve, depuis la pandémie de la COVID-19, le coût du panier de la ménagère a considérablement augmenté de même que celui des biens et services. Les Gabonais râlent mais ne bougent pas.

C’est en cela que la question électorale doit inlassablement demeurer une préoccupation pour le Pouvoir. Dans l’intérêt de la paix sociale et la concorde nationale, lesquelles valeurs doivent être une réalité et quitter les tiroirs des simples slogans.

Du reste, toutes les concertations de la classe politique de l’opposition avec les Institutions du Pouvoir à savoir, Accords de Paris en 1994, d’Arambo en 2006, d’Angondje en 2017, organisées dans un souci d’apaisement, procèdent de lendemains électoraux tumultueux.

Or, on constate avec beaucoup de regret que, à chaque fois, l’encre des signatures apposées au bas des Accords à peine séchée, le partenaire qui détient tous les leviers du pouvoir, se retrouvant seul aux commandes, en dépit de la présence figurative au Gouvernement et dans certaines institutions sans relief, de quelques leaders de l’Opposition, entreprend de détricoter, par ordonnances, par décrets et par arrêtés, le contenu des Accords, trahissant ainsi leur lettre et leur esprit.

En conséquence, la Confiance n’a jamais existé dans la classe politique de notre pays, la méfiance est générale et partagée très largement par nos concitoyens, du fait de la déloyauté invétérée du Pouvoir en place et dont les actes ne visent qu’un objectif exclusif : la conservation du pouvoir. A tout prix.

Pour prévenir la répétition du scénario post-électoral classique, l’Opposition qui est taxée de tous les noms par le Pouvoir, invite ce dernier à une concertation, cette fois, pré-électorale et non plus post-électorale, en vue de l’organisation consensuelle d’un scrutin apaisé.

Que nenni ! Le Pouvoir fait le dos rond, utilise de la malice en comptant sur les recettes éculées qui lui permettent de se maintenir en place advitam eternam : la fraude électorale et l’usage de la force armée dont chaque jour on renforce les capacités des unités d’élite et des services spéciaux, non pour lutter contre un ennemi extérieur, par exemple, une puissance étrangère ou le terrorisme mais toujours contre le peuple révolté.

Voilà plusieurs mois que l’Opposition demande une concertation en vue de mettre à plat le système électoral. Elle a été reçue à la Cour constitutionnelle, puis au forceps par le Ministre de l’Intérieur. Au cours de cette audience, ce dernier a pris l’engagement de lancer les opérations d’établissement des cartes d’identité nationale et d’organiser le dialogue politique.

Contre toute attente, le même ministre lance la révision des listes électorales ! Que reste-t-il encore de valeur à la parole des responsables publics ?
La question de la liste électorale figure en première place des mémorandums déposés par le regroupement des partis politiques PG41 ainsi que de REAGIR, lesquels demandent un audit indépendant du fichier, une révision conjointe de la liste électorale par l’Administration et les partis politiques ainsi que sa publication en ligne.

Pourquoi la liste électorale doit-elle continuer de demeurer un secret d’Etat alors que le ministère de l’Education nationale et celui de l’Enseignement supérieur ont mis en place des dispositifs de consultation et de gestion des apprenants sur des plateformes en ligne ?

De même, avec quelles pièces les électeurs vont s’enrôler si les cartes d’identité ne sont pas délivrées ? À l’aide des récépissés et des actes de naissance ou jugements supplétifs dont on doute de la fiabilité des conditions de délivrance, notamment lorsque l’on assiste à leur distribution massive aux sujets étrangers en vue de gonfler les corps électoral du Pouvoir ?

Soyons sérieux et respectons-nous car les expériences des autres pays doivent nous instruire : aucun pouvoir, même le plus soviétique au monde, n’est immuable et, pour la plupart d’entre nous, mis à part les privilégiés qui ont multiples nationalités, nous n’avons pas de pays de rechange, nous n’avons qu’un seul aéroport, une seule route nationale, un seul port passager, un seul CHUL et 3 sociétés de pompes funèbres. Nous devons tous dire non à la répétition des violences qui illustrent cette publication.

Fait, à Libreville, le 25 novembre 2022
Jean Valentin LEYAMA.

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