Exiger la déclaration de la vacance du pouvoir : une pure perte de temps ?

17 mai 20220
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Si de nombreux acteurs publics restent silencieux sur le constat des incapacités pourtant affichées par Ali Bongo Ondimba depuis son accident vasculaire cérébral survenu en octobre 2018 en Arabie Saoudite, il faut reconnaître à l’Union nationale sa constance quant à l’exigence de faire formellement déclarer la vacance de la présidence de la République.

Hier soir, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, vice-président et porte-parole de cette formation politique de l’opposition, rendait publique une énième déclaration pour ce faire. Une sortie suscitée par le triste spectacle du week-end dernier, qui livrait encore le chef de l’Exécutif, Ali Bongo Ondimba, à des actes d’une banalité indigne de l’honorabilité et du respect dus à l’institution du président de la République.

Disons, en effet, que les services de communication de la présidence de la République n’ont de cesse de rabaisser et d’humilier la première institution. Ce qui participe à confondre, au sein de l’opinion, Ali Bongo Ondimba à une bête de foire qui n’inspire plus que pitié et désolation. C’est donc l’image du pays qui est traînée dans la gadoue en permanence par ces «  apprentis communicateurs », dont la seule préoccupation est de préserver leurs avantages et la mainmise sur les finances publiques.

Cela, au prix de toutes les manipulations inimaginables, pourvu qu’elles fassent passer le chef désormais diminué de l’Exécutif pour celui qui, à l’exclusion de tous les autres Gabonais aptes et compétents, jouirait d’un droit certainement divin pour présider jusqu’à sa mort aux destinées du Gabon.

Mais, suffit-il de présenter tous ces constats pour que la déclaration de la vacance devienne une réalité ?

De nombreux observateurs en sont convaincus : cette exigence de l’Union nationale et de bien d’autres, qui tombe pourtant sous le bon sens, ne serait qu’une pétition de principe. Un marqueur pour l’histoire, sans plus.

Ce d’autant que la Cour constitutionnelle si souvent interpellée dans cette affaire fut elle-même à la manœuvre pour froisser la Constitution, qui ne prévoyait pas de cas d’indisponibilité temporaire. Elle introduira unilatéralement cette notion pour l’adapter à la situation très personnelle d’Ali Bongo Ondimba. Mais pas que. Puisqu’il fallait tout aussi permettre à certains marionnettistes de la présidence de la République de poursuivre le décaissement des finances publiques alors même qu’Ali Bongo Ondimba était, selon certaines sources, maintenu dès octobre 2018 à l’extérieur du pays dans un état clinique le rendant totalement inapte à la poursuite de son mandat.

Si bien que Jean Gaspard Ntoutoume Ayi et d’autres acteurs publics et politiques mettront sur pied l’initiative dénommée « Appel à agir ». Celle qui décidait par des actions concrètes, dont plusieurs saisines auprès des institutions et juridictions, de contraindre les autorités publiques habilitées à faire constater cette vacance à la présidence de la République. En vain. Comment croire alors que ces thuriféraires du Parti Démocratique gabonais (PDG) pourraient aujourd’hui céder à cette demande, alors qu’ils ont bien tenu la barque lorsque nul n’était en mesure d’apercevoir Ali Bongo Ondimba en train de se faire trimballer dans les rues de Libreville, comme ce fut le cas tout au long du week-end dernier ?

Pis, ceux qui, au gouvernement et au Parlement, sont habilités à déclencher le processus de déclaration de cette vacance de pouvoir sont pour la majorité des « béni-oui-oui ». Des gens totalement redevables et soumis à Ali Bongo Ondimba et son entourage.

Qu’il s’agisse d’ailleurs du pouvoir politique ou ésotérique, ils sont tenus par une fraternité et une solidarité qui échappent parfois aux considérations de la logique communément admise. Car, leurs intérêts croisés sont bien plus importants que les exigences formulées sur le seul principe du bon sens ou de l’intérêt général des Gabonais lambda. Des Gabonais qui vous diront d’ailleurs que « leur pays est dirigé de l’extérieur par des mains invisibles qui décident de tout et même de violer une souveraineté nationale finalement fantasmée  ».

En définitive, on est tenté de croire que le présent débat serait une pure perte de temps au regard des circonstances. D’ailleurs, les récentes modifications de la Constitution, qui ont introduit la notion d’intérim ou de gestion du pays par un triumvirat en cas de vacance de pouvoir, s’inscrivent dans cette même logique de conservation d’un pouvoir qui doit en permanence échapper à la volonté souveraine des populations.

Le seul rendez-vous qui vaut réellement la peine demeure celui du calendrier électoral. Se préparer convenablement et minutieusement pour se défaire de l’indifférence d’un pouvoir imbu de ses certitudes doit s’appréhender comme un impératif. Au lieu de s’investir dans des initiatives politiques assujetties aux caprices, à l’arrogance et au pouvoir discrétionnaire des seuls dirigeants et politicards du PDG.

De mon frère... #BIBOUBOUA.
Meboon Môôn Meba Ondo -

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