"La nouvelle taxe sur les retraits bancaires peut être source d’une crise économique et financière en cette période de crise sanitaire au Gabon" Afane Edou

18 juin 20200
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Validée le 12 juin dernier par le conseil des ministres, la mesure phare de la Loi de Finances Rectificatives (LFR) en ses articles 5 à 7 introduisant une nouvelle taxe sur les retraits bancaires. Cette taxe de 2% s’applique à partir de tout retrait en espèces de plus d’un million de FCFA par mois par un individu ou une entreprise. Cette mesure a suscité de nombreuses critiques et de débats depuis sa divulgation. C’est dans cette optique que Afane Edou, jeune influenceur gabonais, a souhaité réagir en donnant son analyse sur la question. Il est diplômé en finances et sciences économiques, fondateur et secrétaire exécutif d’une ONG qui œuvre pour la préservation de l’environnement et le Développement Durable.


Monsieur AFANE Edou, quel est votre avis sur mesure de la nouvelle taxe sur les retraits bancaires ?

Cette nouvelle taxe sur les retraits bancaires peut-être à l’origine d’une forte augmentation de la thésaurisation. Or thésauriser c’est paralyser une partie de la masse monétaire en circulation. Ce qui déstabilise le système financier car il y aura manque des capitaux. On tend donc vers une crise économique et financière en période de crise sanitaire qui est déjà source de crise économique.

Pensez-vous que cette nouvelle taxe sur les retraits bancaires pourrait provoquer un impact sur le quotidien de la société actuelle ?

Avec cette nouvelle taxe sur les retraits bancaires, les entreprises pourront imposer par exemple les paiements en cash afin de développer leurs trésoreries à l’entreprise (manque à gagner pour les banques et moins de circulations de la monnaie). Tout comme les personnes physiques vont préférer garder de l’argent chez elles au lieu d’en déposer à la banque au risque de payer les frais pour en retirer (manque à gagner pour la banque, sortie de la monnaie du circuit économique donc moins d’Argent en circulation, plus de risque de braquage, de meurtre et de vol) ... En gros cette taxe peut fragiliser le système bancaire et avoir de lourdes conséquences à court et moyen terme sur le système économique gabonais. Rappelez-vous de la crise des subprimes de 2008, quand la solidité financière des banques a été remise en cause, il y a eu un phénomène de Bank Run. Tous les agents économiques ont vidé leur compte bancaire pour conserver leur argent en espèces. Et la suite nous la connaissons tous.

Par quelle conclusion pouvez-vous en venir sur cette taxe ?

Au final, cette taxe est incitative de la thésaurisation qui peut être source de crise économique et financière au Gabon.

Monsieur AFANE Edou, l’équipe Gabonews vous dit merci !

Rappelons tout de même que hormis la nouvelle taxe inscrite dans les articles 5 à 7, l’article 55 de cette même Loi des Finances Rectificatives (LFR) dispose qu’« en République Gabonaise, toute transaction d’un montant supérieur à 5 millions de Franc CFA (soit 7 633 euros) ne peut se faire en espèces. En conséquence, pour un montant supérieur à cette limite, la transaction doit se faire par virement bancaire, par chèque de banque ou porte-monnaie électronique》. La LFR introduit également, dans son article P-917 nouveau, l’obligation que tout paiement d’impôts, droits et taxes d’un contribuable à l’Etat, d’un montant supérieur à 2 millions de FCFA, soit obligatoire effectué par virement, chèque de banque ou porte-monnaie électronique, sous peine de nullité.

INOE

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