"Pape Diouf et le journalisme" par Mamadou Koumé

1er avril 20240
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Il y a quatre ans (31 mars 2020) nous quittait brutalement Pape Diouf, emporté par une maladie implacable. Il a laissé un vide abyssal à ses proches mais reste présent dans la mémoire de ceux qui l’ont connu.

Coursier, journaliste, agent de joueurs et dirigeant de club ont été successivement les métiers de Pape. Mais c’est le journalisme qu’il a aimé avant tout. Ici, quelques idées de lui sur ce métier, extraites de son ouvrage (C’est bien plus qu’un jeu.)* MK.

« Le journalisme a été mon seul véritable métier. Je l’ai mieux jugé encore après en être parti, parce que je l’ai appréhendé sous d’autres angles. Il reste à mes yeux le plus beau métier du monde. Mais je ne suis pas certain que tous les journalistes en soient convaincus, ni qu’ils aient fait ce qu’il fallait pour qu’il le demeure. Avec le recul, et mon expérience « de l’autre côté « , il me semble qu’un journaliste doit se défaire le plus rapidement possible de la tentation d’être un justicier, et il ne doit jamais se servir de sa fonction pour favoriser des intérêts personnels, qu’ils soient financiers ou autres.

Si l’on résiste à ces deux déviances, le journalisme reste un métier unique. (...)
Quand la presse écrite était plus puissante et plus diverse, quand les différences idéologiques étaient plus marquées entre les titres, la vérité éclatait plus facilement. Chaque titre et chaque journaliste était alors assez fort et assez entendu pour pouvoir dénoncer la complaisance ou la malveillance d’un concurrent. Cette pluralité permettait un contrôle réciproque plutôt sain et remarquable. (...)

Plutôt que de subir la puissance des journaux dominants ou de se plier à la mécanique du buzz, je préférerais que le journalisme cherche d’autres vérités, peut-être moins facilement accessibles mais essentielles. Aujourd’hui, l’enquête disparaît, et l’analyse perd de sa profondeur et de sa substance. A la place, nous avons l’affirmation et le commentaire. Ce n’est plus le fond qu compte, c’est le ton. (...)

Le journalisme est devenu un journalisme que je n’aime pas, même si, ici ou là, restent des journalistes pour lesquels j’ai du respect et de la considération.
Aujourd’hui, de par sa formation spécifique, le journaliste est capable de parler de tout mais sans jamais s’éloigner de la surface. »

*C’est bien plus qu’un jeu par Pape DIOUF, aux éditions Grasset, 2013)

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