GABON : Libreville et « l’éternelle occupation anarchique » des trottoirs

11 novembre 20200
Partager

Pendant les heures ouvertes des journées à Libreville, des lignées de véhicules et affaires des commerces occupent l’espace réservé aux piétons. L’occupation du domaine public bat son plein dans les rues de la capitale gabonaise. Les populations de plusieurs zones ne cessent de crier haut et fort leur ras-le-bol.

Des faits constatables à ciel ouvert. L’anarchie sévit en toute impunité. Certains propriétaires de commerces et des automobilistes ont fait main basse sur le domaine et ont occupé abusivement les trottoirs en principe réservés aux piétons. Les trottoirs sont devenus des lieux de stationnement d’automobiles, avec ces commerçants qui n’hésitent guère à s’en emparer pour y étaler leurs marchandises. Ce qui a exacerbé l’irritation de nombreuses populations. «  Ça devient presque impossible de se déplacer à cause de toutes ces marchandises entassées sur les trottoirs. On se sent assiégés  », lâche un habitant des Charbonnages sur un ton coléreux. « On en a marre de chaque fois contourner ces différents obstacles ou de faire du saute-mouton pour passer notre chemin  », crie un autre usager du Carrefour Léon-Mba.

Les abus sont tellement visibles presque partout dans la capitale politique du pays. Notamment dans les zones des Charbonnages, Derrière la Prison, les PK, Awendjé, IAI et bien d’autres, où les piétons sont contraints de se faufiler entre les marchandises, les tables des commerçants ou des outils des mécaniciens qui ont complètement investi les espaces publics et n’ont laissé presqu’aucun passage aux usagers des trottoirs.

Parlons-en des automobilistes !

La circulation sur les trottoirs est devenue une difficulté quotidienne, avec ces innombrables stationnements de véhicules partout en ville comme aux quartiers. Les piétons souffrent le martyre pour se frayer un chemin dans ces espaces encombrants. Ils sont désormais obligés de « zigzaguer » entre véhicules et commerces, ou d’emprunter un chemin plus long pour arriver à destination. Pire dans certaines situations, ils sont contraints de se livrer à leurs risques et périls, sur la chaussée, gênant ainsi la circulation des automobilistes « conduisant à vive allure ».

Les personnes âgées, les handicapés et les parents accompagnés d’enfants à bas âge sont les premiers à souffrir de cette situation devenue de plus en plus intolérable. « Emprunter la voie publique est devenu une vraie aventure. On ne peut pas faire cent mètres sans qu’on soit obligés de changer de direction. L’occupation illégale du domaine public a pris des proportions alarmantes sans que les services concernés par la lutte contre ces agissements illégaux en prennent conscience  », a regretté un cadre qui a requis l’anonymat.

Du côté des propriétaires des commerces, des marchands ambulants, des prestataires de services (garagistes, tôliers, mécaniciens, etc.) et des automobilistes, la notion d’espace public sonne mal. « Ils pensent que les trottoirs sont des prolongements naturels de leurs commerces  ». Du coup la question de l’occupation illégale de l’espace public ne semble pas les gêner, et le respect de réglementation des limites de stationnement et d’implantation de leurs commerces ne les préoccupent pas. Ils sont convaincus qu’ils sont dans leur droit.

Pourtant la loi est claire. Le décret n°173/PR du 2 juin 1965, en son article 4, stipule que « les autorisations d’occuper le domaine public sont accordées par décret pris en Conseil des Ministres sur proposition du Ministre chargé de la gestion du domaine public  ». Cependant, « les occupants du domaine public sans autorisation sont passibles d’une pénalité égale au quintuple droit », poursuit cette même loi, en son article 8 alinéa 4.

La ville de Libreville serait-elle donc une zone de non-droit où les propriétaires de commerces et d’automobiles sont au-dessus de la loi ? La réponse à cette question revient aux autorités locales, afin d’élucider les populations de cette ville.

INOE

Dans la même rubrique

0 Commentaire(s)

Poster un commentaire