"CAP 2023 !" par Jean Valentin Leyama

29 juillet 20210
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Ça y est, le PDG a déjà lancé la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2023. Le mot d’ordre a été donné par les instances de ce parti. Et l’on voit se déployer partout, les cadres, les membres du Gouvernement, les parlementaires, chacun rivalisant de prodigalité soudaine sur le terrain à l’égard des populations, invitées en échange à adhérer au PDG.

Ainsi, une campagne massive d’enrôlement des électeurs, que dis-je, des militants, se déroule sur l’ensemble du territoire, dans une compétition intense entre camarades, chacun exhibant le nombre le plus élevé des adhésions.

On observe du reste que, en dépit des restrictions liées à la crise sanitaire, le PDG mobilise des foules, avec l’accord des autorités administratives locales alors que les réunions syndicales de Dynamique unitaire sont proscrites au motif du respect…des mesures sanitaires. Personne n’est dupe, ces adhésions vont se transformer en inscriptions sur la liste électorale sans passer par la case de l’enrôlement physique individuel au moment de la révision de ladite liste, on sait qui gère Iboga !

Assurément, on déclare travailler pour le DCP mais aussi pour soi-même, car on pense que le nombre d’adhésions influencera les investitures pour les législatives qui surviendront trois (3) mois après la présidentielle. Si l’agenda électoral est maintenu. Or, cette fébrilité précoce du PDG, deux (2) ans avant l’échéance constitutionnelle peine à dissimuler le dessein d’une élection anticipée. Même si la Constitution interdit d’écourter le mandat, impossible n’est pas PDG !

Qui aurait cru possible qu’un vote en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité, un vote créant un sénat à deux vitesses, un vote de dispositions sur la vacance du pouvoir que le monde entier nous envie, un vote en faveur du renouvellement automatique de l’état d’urgence sanitaire ? Je ne voudrais pas faire offense au patriotisme des parlementaires de ce parti, parmi lesquels je compte de nombreux frères et amis, mais je suis convaincu que même une cession d’une partie du territoire passerait comme une lettre à la poste. Il reste que, en privé, plusieurs d’entre eux désapprouvent les consignes de vote reçues de leur hiérarchie.

Le PDG est en campagne électorale en vue de redonner au président en exercice, un troisième mandat de sept (7) ans, soit au total vingt et un (21) ans ( !), s’il plaît uniquement à Dieu, bien entendu, car pour le reste, tout est fait comme si, en dépit de deux mandats aux bilans calamiteux et ce, quels que soient les indicateurs retenus, l’opinion et le vote des Gabonais ne comptaient pas.

En tout cas, sur la foi des enseignements tirés de mon bref et instructif passage au cabinet présidentiel, je doute très fortement de la capacité et de la volonté, aujourd’hui plus qu’hier, du président sortant à faire du Gabon un pays émergent, son ambition de 2009, si on lui accordait un troisième mandat de sept (7) ans.

Le PDG se hâte de se préparer, espérant prendre l’Opposition ou tout au moins ce qui en reste, de vitesse, surfant sur l’atonie apparente de cette frange politique. L’histoire récente enseigne pourtant de ne pas sous-estimer « le chat qui dort  », l’Opposition ayant montré en 2009 et davantage en 2016, une grande capacité de mobilisation et de cohésion.

De surcroît, la gestion du parti, les nominations controversées à différents postes ainsi que les traitements humiliants infligés à plusieurs camarades constituent une immense fabrique de mécontents silencieux qui, invariablement, à chaque scrutin deviennent des alliés objectifs de l’Opposition. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les résultats du candidat PDG aux élections présidentielles de 2009 et 2016 sur les sièges des élus PDG ! Au regard des vexations subies par plusieurs acteurs majeurs de 2009 et, surtout de 2016, 2023, si on n’y parvient, ne sera pas une promenade de santé pour le président sortant. 2023 sera autrement plus compliqué que 2016.

Jean Valentin LEYAMA

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