"Ces dérives covidiennes" de Raymond Ndong Sima

23 novembre 20200
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"Il y a quelque chose de gênant, de profondément malsain, intellectuellement très discutable, presque obscène, dans la gestion de la covid-19 au Gabon depuis plusieurs mois" nous fait savoir l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima.

Organisée autour d’une peur entretenue, l’information sur cette pandémie distribuée pour faire la preuve de son existence et justifier des mesures dont on peut désormais se demander si elles ne font pas plus mal à la population que la maladie elle-même.

Le gouvernement impose des mesures qu’une analyse objective des faits peinerait à justifier.

La France par laquelle nous respirons et qui compte 66 millions d’habitants dénombre plus de 36 000 morts. Le Gabon avec 2 millions d’habitants soit 33 fois moins que la France compte désormais 60 morts. Toutes choses égales par ailleurs, on devrait compter au Gabon, pour nous comparer à la France, 1.090 morts.

60 morts ce n’est pas peu mais tout de même, c’est 18 fois moins que ce qui nous mettrait au même niveau que la France. Mais en France, justement parce que c’est un problème de santé publique, le test est resté gratuit pour toute personne présente sur le territoire français.

La suppression de la gratuité du test dans un pays où tout se monnaie est une incitation directe à la corruption. Entretemps, les aides annoncées à grands renforts de publicité comme le “riz-covid”, les factures d’électricité, le paiement des loyers, ont disparu mais le couvre-feu persiste avec son cortège de restrictions dans les déplacements entre les provinces. Le portefeuille des Gabonais n’augmente pas mais tous les jours des dépenses nouvelles sont ajoutées aux familles et surtout celles qui sont déjà en difficulté.

On annonce des chiffres en les détachant soigneusement des autres statistiques de santé publique et c’est sans la moindre pudeur intellectuelle qu’on annonce un accroissement des cas de covid-19 en un mois sans préciser dans le même temps la population totale sur laquelle ces tests ont porté et les chiffres analogues pour d’autres maladies dans notre pays.

Quelle est la population totale testée mensuellement et sur quelle période s’appuie-t-on pour tirer des conclusions statistiquement pertinentes. Sur cette période, combien de cas de cancer, de diabète, d’AVC etc. a-t-on enregistré dans notre pays ? Ou bien faut-il comprendre que le paludisme, qui jusque là était en tête des maladies qui décimaient notre population, a fui devant la covid-19 ? Et le Sida, si on suit bien l’information qui nous est distillée, aurait donc été vaincu ou à tout le moins aurait cessé de marquer des points et se trouverait désormais en recul.

Tranquillement à l’abri de bureaux, de véhicules, de logements administratifs, certains édictent des règles et construisent des décisions sans se soucier de leur impact sur la population.

De gratuit, le test est devenu payant alors que la majorité de la population qui a gardé ses racines dans l’arrière pays est obligée au moins pour les décès, notamment ceux survenus à Libreville, Port-Gentil mais aussi pour aller assister des parents atteints d’autres maladies et restés dans les villages, supporte des coûts financiers additionnels ignorés par la désinvolture de ceux qui ne sont d’ailleurs pas eux-mêmes soumis à ces tracas et n’en connaissent pas le prix.

Il n’y a pas à dire, tout cela est rageant, profondément irritant et surtout désolant pour le pays. Lorsque la défense d’une position sur une question intellectuelle repose sur la dissimulation de l’information, on peut craindre le pire car bien souvent alors il s’agit d’arguments d’autorité de ceux qui craignent la contradiction.

Raymond NDONG SIMA

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