"Je suis résolument engagé avec d’autres patriotes, contre un 3e mandat du Président en exercice et je ne souscris pas à une inopportune paix des Braves" JV.Leyama

12 avril 20210
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Brice Liviu Eyinga , pdgiste de son état, mon bon petit (oui, oui, c’est pas incompatible !) s’est livré à un exercice courant à la veille de l’annonce d’un nouveau gouvernement et propose l’entrée d’un certain nombre de compatriotes qu’il juge compétents pour la réélection du Président en exercice en 2023.

Loin de moi de contester la pertinence de ses choix, d’autant que ce sont des frères et sœurs avec qui j’ai les meilleures relations. Toutefois, il a cru judicieux d’y insérer mon nom comme une paire de chaussures dans la vitrine d’une boucherie. Car, s’agissant de 2023, pour que les choses soient claires sauf si d’ici là, on m’en empêche physiquement, je suis résolument engagé avec d’autres patriotes, contre un 3e mandat du Président en exercice et je ne souscris pas à une inopportune paix des Braves. Bref, c’est pas le sujet du moment.

Brice, comme d’autres "Indéfectibles", "Inconditionnels", "Soldats", tu proposes un changement de gouvernement, un de plus, jugeant l’actuel incompétent !

Je te réponds, mon cher petit qu’il faut voir le problème ailleurs que dans une instabilité gouvernementale invétérée. La relative longévité de ce gouvernement dans le court terme est d’ailleurs une surprise. Hormis, la nomination d’un nouveau premier ministre, l’architecture actuelle du Gouvernement remonte à décembre 2019. C’est une performance rare pour être soulignée. Et c’est bien, la stabilité de l’équipe gouvernementale permet à chaque ministre d’agir sur le long terme, d’engager des programmes et d’en suivre l’exécution.

Et l’actuel Gouvernement, à deux ou trois erreurs de casting près, est probablement l’une des meilleures équipes de ce septennat. Je les connais à peu près tous, ce sont des hauts cadres de la République, compétents, rigoureux, dévoués dont j’ai pu apprécier les états de service dans leurs administrations ou entreprises d’origine. Les virer n’y changera absolument rien. Bien au contraire, il faut plutôt les conforter et chercher à capitaliser leur expérience gouvernementale. Ce qui n’exclut pas quelques réglages, bien entendu.

Comment donc expliquer qu’en dépit d’une équipe gouvernementale compétente, les résultats des politiques publiques soient très en deçà des attentes des populations ? La réponse est simple : les ministres n’ont ni pouvoirs, ni moyens  ! Sais-tu, mon petit, que c’est à la lecture du communiqué final du conseil des ministres auquel ils ont pourtant pris part que plusieurs ministres découvrent des nominations à des postes stratégiques dans leur département et se contentent d’en prendre acte !

De surcroît, sans argent cash, point de programme d’actions. Hélas, les ministres ne gèrent plus rien, les budgets mis à leur disposition demeurent des simples écritures dans un beau document voté les yeux fermés, sans amendements, par la majorité parlementaire. Quand tu vois un ministre visiter médiatiquement un chantier, poses-toi la question : d’où vient l’argent ? Emprunt extérieur dans la grande majorité des cas !

Programme de construction des établissements scolaires ? AFD (France). Construction et inauguration des centres professionnels à Nkok, Ntchengue et Mvengue ? Eximbank (Chine). Et tant d’autres exemples. Malheureux, le ministre qui ne bénéficie pas de financements extérieurs !

Regarde, pour prendre l’exemple du ministre vedette du moment, celui de la Santé. Quel bilan après sa tournée des structures médicales du pays, revenues dans un état moyenâgeux ? Zéro. Il a fait beaucoup de com, aucune structure n’a été réhabilitée faute d’argent !

Tu penses que ça plaît au Ministre de l’enseignement supérieur, professeur d’université, de voir l’UOB et l’USTM en lambeaux ? Entre les Task-Forces qu’il a organisées sur le secteur éducation et les réalités de l’action, à toi d’apprécier.

Des routes, parlons-en ? Penses-tu que le ministre des TP, l’un des meilleurs cadres de ce département, a le sommeil tranquille à la vue des vidéos de dégradation des routes sur l’ensemble du territoire ? Lis le budget de l’État, le Compte d’affectation spéciale (CAS) destiné à l’entretien routier s’élève à...13 milliards dans le budget 2021. 13 milliards pour 10.000 Kms, de routes nationales donc, voiries urbaines non comprises dans ce kilométrage, soit 1.300.000 F le km au moment où le kilomètre de route bitumée coûte plus d’1 milliard, je dis bien 1 milliard, c’est demander au pauvre de transformer le plomb en or !

Des exemples comme ceux-là, il y en a foison. Je loue leur témérité et leur sens de l’abnégation, les pauvres. Moi, éternel démissionnaire, à leur place, j’aurais rendu mon tablier.

Tu vois, non, Brice, mon petit, changer une énième fois de gouvernement n’est pas la panacée. Changer la gouvernance, oui ! Vous-mêmes là bas, ooooh, pour moi quoi !

Jean Valentin LEYAMA

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