Santé d’Ali Bongo/ Issozé Ngondet inaugure les chrysantèmes ?

10 novembre 20180
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La santé du Chef de l’Etat gabonais Ali Bongo Ondimba fait couler beaucoup d’encre et de salive.Les questions se posent.Les populations gabonaises,préoccupées, réclament la vérité,rien que la vérité sur l’état de santé de leur Président de la République. Les Institutions sont presque silencieuses.Qui doit communiquer à ce sujet ? Mais à qui profite ce silence radio ? PC,un observateur de la vie politique du Gabon nous livre son analyse de la situation.

L’épisode de l’état de santé d’Ali Bongo nous éclaire d’un nouveau jour sur le fonctionnement des institutions de la République et interroge le type de régime dans lequel se trouve le Gabon. Dans tous les cas, ceux qui avaient des doutes sur les pouvoirs de certaines entités républicaines sont bien fixés.

En son temps, lorsque Léon Mébiame Mba affirmait pour le dénoncer : " je n’ai jamais gouverné", il fut moqué par des personnes au regard superficiel sur le fonctionnement de la République Gabonaise.

Raymond Ndong Sima en a pourtant rajouté une couche après son bref passage à la Primature.En effet, Ce brillant économiste a lui aussi décidé de ne pas se taire comme ses prédécesseurs. Sans circonvolution il révèle dans son ouvrage intitulé "Quel renouveau pour le Gabon" le rôle véritable de celui qui est censé partager l’exécutif avec le Chef de l’État.

Dans les fait "le premier ministre ne sert qu’à amuser la galerie".

Depuis le 24 octobre date officielle du déclenchement du malaise du Chef de l’exécutif, c’est à la Présidence que revient l’exclusivité de communiquer sur la Santé du Chef de l’État. Son porte-parole n’a usé d’aucun subterfuge pour le dire : " la Présidence de la République, seule source fiable, communiquera régulièrement..."

Toutes les institutions semblent s’être soumises à la décision de la Présidence de la République et tout le monde attend sans broncher que cette administration à qui aucun texte ne confère une telle exclusivité puisse tenir toute une République en haleine.

Interrogé par le magasine Jeune Afrique, Issozé Ngondé le Premier ministre chef du gouvernement a d’ailleurs lui-même demandé de se tourner vers la Présidence de la République donnant le sentiment de n’être au courant de rien.

Pour mieux apprécier cette situation, il faut se souvenir que la Présidence n’est pas une Institution Républicaine, c’est plutôt le Président de la République qui est l’institution. Cette confusion longtemps entretenue laisse libre cour à plusieurs abus.

Ceux qui le comprennent décident, en dépit de l’exclusivité que s’accorde la Présidence sur la communication concernant la santé du Chef, de demander au Gouvernement de prendre ses responsabilités.

C’est le sens donné au communiqué du Conseil Consultatif des Sages du Parti Démocratique Gabonais qui invite le gouvernement à communiquer sur l’état de santé d’Ali Bongo et non pas la Présidence de la République qui serait pourtant la "seule source fiable".

Que pourra faire Issozé Ngondet qui semble n’être même pas informé sur les événements. En 2009, Jean Eyeghe Ndong, alors Premier ministre, s’était empressé de se rendre à Barcelone au plus fort des rumeurs sur le décès d’Omar Bongo.

Depuis l’hospitalisation d’Ali Bongo, il est curieux de constater que celui qui partage l’exécutif avec le Président n’a effectué aucun voyage, du moins officiellement, vers Ryadh pour s’enquérir de la situation au moment où les supputations sur la vacance de pouvoir alimentent la presse.

Plus curieux encore, alors que c’est à lui que revient, selon l’article 13 de la Constitution gabonaise, la responsabilité de saisir la Cour Constitutionnelle si vacance de pouvoir il y a. Le Chef du gouvernement est plutôt occupé à autre chose. Dans cette période aussi sensible, c’est à lui que revient le rôle constitutionnel, et non à la Présidence, de prendre toutes les informations sur l’état de santé d’Ali Bongo et d’en juger s’il faille constater une vacance ou pas. Il ne peut pas se retrancher derrière la communication de la Présidence de la République comme un citoyen ordinaire et jouer les attentistes. Sauf à confirmer l’idée qu’au Gabon, le Premier Ministre inaugure les chrysanthèmes et qu’en fait d’un régime sémi- parlementaire. Le pays dans les faits, fonctionne en plein régime présidentiel.

Le Premier ministre a-t-il réellement les pouvoirs que lui confère la Constitution ? La question turlupine toujours et mérite un approfondissement.

PC.

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