ABSENCE D’ALI BONGO/Vers un nouvel échec de l’UA au Gabon ?

19 novembre 20180
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Réunis le 17 novembre 2018 en Ethiopie, les chefs d’État de l’Union africaine exigent le respect de la constitution au Gabon. Image AFP.

Réunis le 17 novembre 2018 en Ethiopie, les chefs d’État de l’Union africaine exigent le respect de la constitution au Gabon. Image AFP.

Peu crédible au Gabon, l’Union africaine appelle au respect de la constitution et promet d’envoyer une mission pour rencontrer différents décideurs. Or, certains observateurs prévoient déjà l’inefficacité de cette future délégation.

Trois jours après l’insertion d’un alinéa dans la Constitution gabonaise par la présidente de la Cour constitutionnelle, un communiqué, daté du 17 novembre 2018 et provenant de l’Union africaine interpelle les autorités de ce petit État d’Afrique centrale sur le « respect de l’ordre constitutionnel ». Même si l’institution internationale a usé d’un langage diplomatique pour faire passer son message, cette communication a tout l’air d’un avertissement implicite. L’UA prévoie également de dépêcher à Libreville une mission d’information et d’écoute.

Il reste à savoir si le régime au pouvoir verra les choses de la même façon que le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, et son patron Paul Kagamé, Président actuel de l’UA. En septembre 2016, lors des violences post-électorales, le camp d’Ali Bongo Ondimba avait éconduit sans égards, une mission des chefs d’État dont le but était de calmer les hostilités : « cette mission a été reportée sine die pour des raisons de calendrier... Il n’y a pas péril en la demeure, ni de situation sécuritaire ou humanitaire explosive qui justifierait une intervention plus ou moins musclée de la communauté internationale », avait déclaré Emmanuel Issozé Ngondet, alors Ministre des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse à Libreville. Après avoir comblé la lacune qu’elle avait constatée dans la constitution de son pays dans la nuit du 14 novembre 2018, Marie-Madeleine Mborantsouo a déclaré dans la presse qu’il n’y avait eu ni violation de la Loi ni modification de la Constitution. De cette posture, un autre rejet de la mission de l’UA n’étonnerait pas.

L’inutilité de l’UA aux yeux des Gabonais. Certes, le communiqué de l’UA appelle à la préservation de l’unité, de la paix et de la stabilité du Gabon en passant par le strict respect de l’ordre constitutionnel, mais au fil des élections présidentielles dans ce pays, l’UA semble avoir progressivement perdu sa crédibilité au sein de cette population. En validant des scrutins vigoureusement contestés, les missions d’observation des élections dépêchées par l’UA se couvrent de honte aux yeux des Gabonais. Durant les élections d’octobre dernier, l’image de cette organisation s’est davantage dégradée chez la majorité des électeurs dont le taux d’abstention a battu les records. Selon un politologue gabonais, L’Union africaine pourrait souiller encore son image si sa future mission d’information et d’écoute venait aussi à échouer : « Quel est le bilan de l’UA sur les violations des droits de l’homme au Gabon, les emprisonnements sans procès, les disparitions forcées ? Quelle est la contribution de l’UA face aux atteintes systématiques de la liberté de la presse et à la multiplication des suspensions des journaux ? L’UA croit avoir bien choisi le moment pour se préoccuper de ce qui se passe dans un de ses États membres. Elle se déshonore davantage », estime l’universitaire.

Officiellement victime d’une fatigue sévère et d’un saignement, Ali Bongo Ondimba est absent du Gabon depuis le 24 octobre dernier. Pour faire fonctionner l’Etat, la présidente de la haute cour a créé un texte pour autoriser le Vice-président de la République à diriger un conseil des ministres.

GMN

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