ALI BONGO : Dix ans de quête d’un gouvernement performant

5 décembre 20190
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Trouver des hommes et des femmes efficaces et capables de développer le Gabon semble être une tâche insurmontable pour le président gabonais, dix ans après son arrivée au pouvoir.

La formation du nouveau gouvernement au début de cette semaine n’a certes pas surpris l’opinion, car tout le monde s’y attendait, mais des questions ont tout de même surgi, suite aux propos justificatifs du Chef du gouvernement, tenus pour expliquer ce nouveau jeu de chaises. Selon l’actuel Premier ministre, Julien Nkoghe Bekale, la composition du nouveau gouvernement livré lundi en début de soirée, répond à une exigence du président de la République, celle d’améliorer les conditions de vie de la population qu’il dirige. « Chers concitoyens, devant l’impatience des Gabonaises et des Gabonais de voir leurs conditions de vie s’améliorer, le président de la République, Chef de l’Etat, son excellence Ali Bongo Ondimba a décidé d’agir vite et de créer les conditions d’une plus grande efficacité de l’action gouvernementale », a dit le chef du gouvernement, trois semaines à peine après le dernier remaniement. Comment le président arrive-t-il à mesurer l’efficacité d’un gouvernement en trois semaines ? La question taraude les esprits.

Certes, il était urgent de faire la lumière sur les détournements de fonds publics, mais les arrestations en cours poussent à se demander comment expliquer que le président, depuis 2009, ne parvienne pas à s’entourer des personnes dynamiques ayant la ferme préoccupation de relever le pays ? Comment expliquer aux Gabonais que tous les premiers ministres et les ministres qui ont défilé au sommet de l’Etat jusqu’à ce jour ne parviennent pas à réaliser le Plan stratégique Gabon émergent ? De l’ex-premier ministre Paul Biyoghe Mba à l’actuel chef du gouvernement en passant par Raymond Ndong Sima et Emmanuel Issozé Ngondet, rien n’a changé dans le quotidien du peuple. Aucune nouvelle école n’a été construite. Malgré la construction de deux nouveaux hôpitaux, le traitement des patients est indésirable. Le chômage est si profond qu’un mouvement de chômeurs a observé des sit-in au ministère de la Fonction publique cette année. Les vieilles routes comme le célèbre Boulevard triomphal se dégradent. Le coût de la vie est très élevé, etc. Vu la façon dont il se sépare de ses collaborateurs, il semble que le Chef de l’Etat n’a choisi jusqu’ici que de mauvais équipiers.

Depuis dix ans, Ali Bongo forme et reforme les gouvernements sans que ces changements n’aient des conséquences positives et durables sur la vie de la population. Comme un joueur de puzzle, il assemble les pièces, les sélectionne, les relie puis il les défait, pour recommencer à chercher une nouvelle formule. Dix années sont déjà passées. « Je ne serai heureux que lorsque les Gabonais seront heureux », avait-t-il lancé, lorsqu’il venait de prendre le fauteuil de son père, Omar Bongo Ondimba, décédé en 2009. Cette phrase est bien loin du temps où quelques Gabonaises et Gabonais y croyaient. Le temps est beaucoup passé ou plutôt plusieurs gouvernements se sont succédés. Mais rien n’a changé dans ce petit pays en perpétuel mouvement, une décennie durant. Aucun gouvernement n’a donc été, jusqu’ici, capable de faire montre d’efficacité. C’est le message clair qui est perçu à travers ces multiples changements et à travers les mots du Premier ministre lors du remaniement. Cependant, si c’est l’efficacité qui est réellement recherchée, comment expliquer le maintien au gouvernement, depuis des années, de certains ministres ? Alain Claude Bilie Bi Nze et Denise Mekamne par exemple, figurent sur la liste du record de la longévité. Quelle est donc le secret de cette longévité si l’efficacité gouvernementale est toujours mise en cause ? Certains estiment même que si Ali Bongo Ondimba a passé dix ans pour chercher un bon gouvernement, c’est que c’est lui qui manquerait d’efficacité. Car la performance d’un président se mesure aussi à travers sa capacité à savoir s’entourer. Dans le cercle décisionnel, on parle d’erreur de casting, mais on ne parle jamais de celui qui commet l’erreur. « Le changement de tout le système au pouvoir est la seule solution qui conduira le Gabon au développement recherché », estime un politologue de l’université Omar Bongo de Libreville.

P.B

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