UA-UE/Un 5e sommet pour consolider les dictatures africaines ?

1er décembre 20170
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Le sommet qui s’est achevé jeudi en Côte-d’Ivoire apparaît surtout comme une simple rencontre de plus entre des gens courtois et pleins d’éloquence. L’une de ces réunions où tout le monde se ‘’connaît profondément’’, et où tous savent qu’il y a un problème de fond mais sur lequel les discours gardent volontairement le silence. Ils ont évité de parler de ce mal, celui de la démocratie en Afrique. Le gabonais Jean Ping en a d’ailleurs fait les frais.

Hormis l’éducation, la paix, la gouvernance et l’investissement, le sommet d’Alassane Ouattara et ses amis de l’Union africaine et de l’Union européenne a placé la question de la migration en priorité. Une force conjointe de non intervention sera envoyée en Lybie pour mettre un terme au trafic humain tant décrié depuis quelques jours en Libye. Ils ont clairement fait le choix d’une solution superficielle car les migrants partiront toujours de leur pays d’origine tant que les conditions de bien-être n’y existeront pas. A la quête d’un emploi, de la liberté d’expression, de la sécurité, d’une formation qualifiante et reconnue, les migrants quittent leur famille, espérant trouver mieux là où le développement est une réalité et non un éternel rêve, les pays occidentaux.

Le sommet UA-UE n’a donc pas jugé prioritaire d’évoquer les régimes quasi monarchiques des dictateurs qui étaient autour de la table. C’est dire que l’organisation des élections crédibles en Afrique n’est pas une priorité. 2016 a été une année de vote en Afrique. Des élections présidentielles dans plusieurs pays mais aussi des contestations et de violentes répressions. Dresser le bilan de cette période électorale et fixer une ligne directive n’étaient pas nécessaire aux yeux de tous les participants du sommet. Comme une fuite en avant, Emmanuel Macron avait déjà fixé le cap dans son discours de Ouagadougou : « …en matière d’élection, je n’ai pas de leçon à donner aux présidents africains… », parole d’un élu démocratique face à une horde de dictateurs.

Les chefs d’État africains ne pouvaient évidemment pas décider eux-mêmes d’évoquer les troubles électoraux dans leur pays. Personne ne veut se mêler de la fausse élection de l’autre, « nous sommes tous élus de la même façon », ou presque. Les mémoires se souviennent encore du défi lancé par Robert Mugabé en 2013 lorsqu’il venait de remporter une élection où la fraude était au centre. L’ex-président du Zimbabwe avait dit qu’il attendait le président africain qui oserait dire que son élection n’était pas valable. Personne ne leva le petit doigt. Même pas l’Union africaine.

Le comité chargé de la coordination de ce 5e sommet UA-UE en Côte-d’Ivoire a expliqué à Jean Ping la semaine dernière qu’il ne pouvait pas recevoir son mémorandum sur la crise post-électorale du Gabon car n’ayant pas reçu l’autorisation de la hiérarchie. Il ne s’agissait que d’un dépôt. Recevoir ce document n’entrainait pas de facto son inscription dans l’ordre du jour. Ledit dossier aurait pu servir d’archive à l’Union africaine. Mais il a été rejeté, sous la présidence d’Alfa Condé dont lui-même l’élection dans son pays n’avait pas été très claire. En août 2016 au Gabon, le vote avait été observé par une mission de l’UA dont à ce jour, le rapport n’est pas connu. L’OIF et l’UE qui avaient observé la même élection ont publié leur rapport dans lesquels le doute sur la transparence du processus électorale était mis en évidence. Au sein de l’opinion africaine, et particulièrement chez les jeunes, l’UA apparaît davantage comme « une association de dictateurs à l’origine de la fuite des populations vers des horizons dangereux ».

CM

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