Natacha Ntsame Nzue : "Si je suis déclarée gagnante du Prix Antô Winners 2019, je dirai aux autres femmes qu’il est temps de se réveiller !"

25 avril 20190
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Natacha Ntsame Nzue, jeune gabonaise exerçant dans le secteur agricole et agroalimentaire. Elle a été nominée au Prix Antô Winners 2019. Cette plateforme va célébrer la Journée nationale de la Femme 2019, les 26 et 27 Avril à Libreville. C’est la deuxième édition. Elle va couronner les femmes entrepreneures de l’année 2019. La Plateforme « Antô Winners » est un groupement de femmes qui se veulent être des actrices pour une Afrique gagnante dans l’objectif de l’atteinte des ODD. Il s’agit d’une véritable plateforme qui a pour but de faire la promotion de la Femme. Avec pour ambition le développement économique et sociale de la femme gabonaise et africaine, pour l’atteinte des ODD pour une planète 50-50 d’ici 2030. La nominée a accepté de répondre à nos différentes questions.

Pour vous, que représente l’entrepreneuriat participatif ? Quelles en sont les difficultés au Gabon ?

Pour moi, l’entrepreneuriat participatif peut se définir comme le fait de mettre en place des moyens, pour répondre à un besoin communautaire sans attendre de l’aide d’une entreprise ou même du gouvernement. La matérialisation du projet se fait par les populations et pour elles mêmes. Son objectif est de faire participer tout le monde, soit par une participation financière, soit matérielle ou tout simplement le savoir-faire pouvant servir à la résolution du problème.

La principale difficulté selon moi, reste la motivation et l’audace de la part de certains jeunes. Aucun projet ne peut atteindre ses objectifs si les porteurs du projet ne manifestent pas la volonté d’y parvenir. Si nous apprenons à travailler en communauté avec une implication sérieuse de la masse, l’appui ou le soutien insuffisant du gouvernement ne sera pas une limite pour nos actions. Personne ne connait et ne comprend mieux nos problèmes que nous-mêmes, c’est la raison pour laquelle nous devons nous investir pour les solutions qui vont avec.

Où voyez ou imaginez-vous dans dix ans ?

Dans dix ans, je me vois comme celle qui aurait boosté de nombreuses jeunes femmes gabonaises. Leur autonomie à travers des projets participatifs qui tiendraient compte des réalités auxquelles elles font face. Je pense qu’il faut tenir compte du fait que tout le monde n’est pas appelé à faire de grandes études, il y a ceux-là qui, pour de multiple raisons ne parviennent pas à aller plus loin. L’idéal serait de pouvoir trouver des mécanismes pour leur insertion sociale. La vie n’est qu’éducation (scolaire, sexuelle, alimentaire, financière…), je mise sur l’éducation et la sensibilisation, beaucoup plus de façon pratique.

Avez-vous l’habitude de poser des actions dans le cadre de ce type d’entrepreneuriat ? Si oui lesquelles ?

Oui, depuis des années, je participe au Gabon comme à l’étranger de façon anonyme à des actes de charité pour les personnes nécessiteuses. En 2018, j’ai rejoint l’Association des Cuisiniers du Gabon en qualité de membre bénévole, je loue leur projet « 100 Repas Pour Les Sans-Abris ». Cette initiative montre bien, comment on peut agir ensemble pour trouver des solutions face à un problème.

Toujours dans le même élan, j’ai partagé mon savoir-faire à une vingtaine de jeunes filles mères au Cap Estérias. Au compte d’un groupe religieux qui a bien voulu que je contribue dans leur action sociale, qui visait à sensibiliser ces femmes sur la sécurité alimentaire. Un atelier collectif fut organisé pour l’occasion.

La Nutri Master Class est un atelier de nutrition que j’organise chaque mois avec la contribution des participants, chacun essaye de participer financièrement ou avec du matériel pour la réussite de l’activité. Au Gabon, nous avons besoin d’une réelle sensibilisation et éducation alimentaire et nutritionnelle surtout de façon pratique. C’est la raison pour laquelle, j’ai mis ce projet en place avec les moyens disponibles et l’implication des parents. À travers ces ateliers, les mamans apprennent à être autonomes dans l’alimentation de leurs enfants, en s’impliquant. Je pense qu’il vaut mieux avoir un parent qui sache cuisiner les repas de ses enfants, au lieu de donner plus de valeur aux produits industriels, dont le contenu est souvent douteux.

Autonomie Participative voit aussi le jour à la demande des jeunes mères, qui lors des ateliers me demandaient de former ces dernières. Pour répondre à cet appel, j’ai trouvé utile de mieux s’organiser et leur offrir une formation bien structurée. J’ai dû faire intervenir la coopérative Bia Bô Mam pour la matérialisation du projet, deux autres acteurs sociaux se sont joints à moi, pour renforcer le programme. C’est un programme participatif qui a pour ambition d’outiller les jeunes, des capacités théoriques et pratiques pour la création de leur activité économique. Je pourrai citer autant d’actions dans le cadre des activités communautaires.

Si vous êtes déclarée gagnante du Prix Antô Winners 2019, quel message voulez-vous faire passer aux autres femmes ? À celles qui doutent ou qui hésitent ?

Si je suis déclarée gagnante du Prix Antô Winners 2019, je dirai aux autres femmes qu’il est temps de se réveiller ! Il est temps d’oser ! Il est temps de s’affirmer, en tant qu’actrice pouvant contribuer au développement de notre pays, au même rang que les autres acteurs. Il est temps d’arrêter de se considérer comme le maillon faible de la société. Je dirai surtout à ces dernières, que l’affirmation ou l’implication de la femme ne devrait pas seulement se limiter à la Décennie de la Femme, elle doit être perpétuelle.

Propos recueillis par PAW/MTM

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