Violences basées sur le genre : La riposte à la Covid-19 doit l’intégrer

22 février 20210
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Depuis ce mardi 16 février, se tient dans la ville d’Akanda un plaidoyer de haut niveau sur les violences basées sur le genre (VBG) pour son intégration dans le plan de riposte national contre la Covid-19. Cette rencontre est organisée par le Réseau des femmes leaders africaines (AWLN en anglais) section Gabon, en collaboration avec le Fonds des nations unies pour la population (UNFPA), le Ministère des Affaires sociales et des droits de la femme, l’ONU Femmes et l’Ambassade d’Allemagne au Gabon.

La lecture du plan de riposte au Covid19 montre que ce dernier n’a pas pris en compte les conséquences collatérales telles que l’accentuation de la vulnérabilité des femmes et des filles qui sont victimes de violences conjugales en ce temps de confinement. En effet, du fait de la présence permanente de leurs partenaires masculins dans les ménages, les femmes sont constamment exposées à leurs humeurs, provoquant ainsi une exacerbation des cas de violences psychologiques et émotionnelles, des abus et exploitations sexuels, le manque de ressources, etc. Dont la résultante sera des traumatismes et le stress qui vont provoquer une immunodépression physiologique favorable à l’installation du virus corona dans leur organisme.

Il faut dire que le genre est un ensemble de constructions sociologiques mises en place par la société pour faire la distinction autour de la femme et de l’homme. Et selon AWLN peuvent avoir des conséquences graves pour la société « le genre regarde les deux sexes », il y a ce qui est discriminatoire pour les hommes, et il y a ce qui est discriminatoire pour les femmes. Le réseau considère qu’il y a malheureusement beaucoup plus de discriminations chez la femme que chez l’homme.

Concernant les VBG, l’étude de 2016 effectuée par le Gabon sur l’ensemble du territoire national et financée par l’UNFPA, celle-ci a montré qu’en dehors des violences verbales et psychologiques où les femmes excellent « lorsqu’il s’agit de porter des injures ou de dire du mal d’autrui. » Les femmes sont les meilleures en particulier lorsqu’elles sont à des postes de responsabilité. Et pour ce qui est des violences physiques et sexuelles, les hommes en sont particulièrement enclins.

Et quelques exemples ont été cité pour illustrer les violences basées sur le genre : des petites filles abusées sexuellement par leur grand et leur oncle à Port-Gentil ; un voisin qui abuse d’un garçonnet de 2 ans ; un père abuse de ses deux fils avec la complicité de son épouse. Des cas pour montrer l’importance de mettre un accent sur la question des VBG en cette période Covid-19.

Le plaidoyer est mis en place pour qu’une solution soit trouvée car la problématique est multidimensionnelle (sanitaire, économique, sociale, spirituelle, etc.) et nécessite des approches novatrices telles que l’implication du Réseau Africains des Femmes Leaders (AWLN).

« Vous savez que lorsqu’on parle des violences basées sur le genre et lorsqu’on parle de la riposte contre la Covid-19, il y a des liens. Parce que actuellement on s’appesantit sur le côté médical et le côté protection. Mais nous voulons aussi qu’on s’appesantit également sur le côté social de la chose. Qu’est-ce que la Covid-19 entraîne comme conséquences dans les ménages sur le plan économique ? Au niveau des enfants, au niveau des foyers » a souhaité la présidente du réseau AWLN section Gabon, Honorine Nze Biteghe.

En termes de statistiques, AWLN a dit ne pas être à mesure d’en fournir de manière exacte sur le plan national. Il en existe néanmoins sur le plan associatif, « vous savez que nous aimons parler des statistiques lorsque nous les avons. Nous n’avons pas encore les statistiques nationales. Mais sur le plan associatif, nous pouvons dire que cela cause des dégâts. Je prends l’exemple, lorsque nous avions eu le confinement total, il y a eu des viols. Il y a eu même des enfants entre eux parce qu’ils étaient au même endroit qui ont commencé à faire des choses qu’ils n’avaient jamais faites  » a expliqué la présidente.

Le Gabon compte déjà 9819 cas positifs au COVID 19 dont 66 décès. Le COVID-19 représente un risque élevé pour la Gabon du fait des conditions d’hygiène et de vie précaire d’une grande partie de la population, d’une grande promiscuité dans les grandes villes notamment et de la prévalence élevée de comorbidités pouvant favoriser une plus grande sévérité de la maladie.

Créé en 2017 à New York, AWLN est une initiative d’une femme africaine. C’est un réseau de femmes leaders Afrique, et en anglais African leaders network. C’est un mouvement de femmes africaines en position de leadership. Le réseau est soutenu par l’UA, l’Ambassade d’Allemagne. C’est une conjonction de convergence des expériences des ressources. Et surtout d’influence des politiques en vue de la transformation de l’Afrique.

Dorian ONDO

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