La baisse de la satisfaction menace la démocratie africaine, révèle le PDG d’Afrobarometer

20 juillet 20230
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La satisfaction à l’égard du fonctionnement de la démocratie a diminué à travers l’Afrique, sapant la confiance des citoyens à la gouvernance démocratique, a déclaré lundi le PDG d’Afrobarometer, Joseph Asunka, aux participants de la conférence Africa Drive for Democracy – Elders’ Retreat à Arusha, en Tanzanie.

La conférence a réuni d’anciens chefs d’État et des sages, créant une plate-forme pour discuter de l’état de la démocratie en Afrique et profiter de leur sagesse et leur imagination collectives dans la construction de voies pour une démocratie renouvelée et durable sur le continent.

Asunka a cité le non-respect des limites du nombre de mandats présidentiels, l’augmentation de la criminalité et de l’insécurité, ainsi que la corruption comme facteurs pouvant contribuer au mécontentement populaire à l’égard du régime démocratique.

« Les données montrent que l’engagement des Africains envers la démocratie reste fort », a-t-il déclaré. « Cependant, les gouvernements et les dirigeants élus n’ont pas réussi à répondre aux aspirations démocratiques populaires. Cela a entraîné une baisse de la confiance populaire dans la gouvernance démocratique ainsi qu’une hausse du soutien à l’intervention et au régime militaire ».

Des données récentes d’Afrobarometer provenant de 36 pays sondés en 2021/2022 montrent que les deux tiers (66%) des Africains préfèrent la démocratie à toute autre forme de gouvernement. De plus, de grandes majorités rejettent le régime d’un seul homme (80%), le régime du parti unique (78%) et le régime militaire (67%). Mais seulement 38% se disent satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans leur pays.

Parmi les participants à la conférence figuraient Joachim Chissano, Ernest Bai Koroma, Hailemariam Desalegn et Jakaya Mrisho Kikwete, anciens chefs d’État du Mozambique, de la Sierra Leone, de l’Éthiopie et de la Tanzanie, respectivement, avec la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan comme invitée d’honneur. Ces dirigeants ont souligné la nécessité d’apporter des solutions pratiques et réalisables pour renforcer la démocratie.

« A moins que et jusqu’à ce que les gouvernements africains remédient aux lacunes de la gouvernance démocratique et fournissent des services publics essentiels à leur peuple, la démocratie restera une aspiration qui ne se réalisera jamais de manière significative », a déclaré Hassan.

Abordant le thème de la conférence, « Assurer l’avenir démocratique de l’Afrique par l’apprentissage et l’engagement », Koroma a déclaré que faire face à ces défis exige une action collective pour préserver et renforcer les normes et institutions démocratiques.
« Nous sommes tous dans le même bateau parce que nous croyons au pouvoir transformateur de la démocratie », a-t-il déclaré. «  Il ne fait aucun doute que la démocratie n’est pas sans obstacles, mais ensemble, nous devons affronter les défis qui menacent ses fondements : un leadership médiocre, une citoyenneté inefficace, la corruption, la pauvreté, la polarisation politique, des élections frauduleuses et toutes les ramifications concomitantes des troubles sociaux et de l’instabilité politique ».

Tout au long des discussions, les participants ont reconnu le rôle vital des sages africains dans l’édification de l’avenir démocratique du continent. Sur un continent qui a connu 21 coups d’État en huit ans, les données d’Afrobarometer montrent que l’ampleur de l’opposition des citoyens au régime militaire a diminué de 10 points de pourcentage au cours de la dernière décennie. Seuls trois des 36 pays sondés (Libéria, Ouganda et Soudan) ont enregistré des augmentations significatives de leur résistance au régime militaire.

Fait inquiétant, une faible majorité (53%) des citoyens sont prêts à approuver une intervention militaire si les dirigeants élus abusent de leur pouvoir. La conférence Africa Drive for Democracy – Elders’ Retreat a servi de plate-forme pour un dialogue constructif, recherchant des approches concrètes pour faire progresser la démocratie et assurer la pérennité dans acquis démocratiques.

A propos d’Afrobarometer

Afrobarometer (AB) est une source fiable de données et d’analyses de haute qualité sur ce que pensent les Africains. Avec un historique inégalé de plus de 350 000 entretiens dans 42 pays, représentant les points de vue de 75% de la population africaine, AB mène la charge pour combler le déficit de données du continent.

Les données de l’AB éclairent de nombreux indices mondiaux, tels que l’indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine, le Baromètre Mondial de la Corruption de Transparency International et les Indicateurs Mondiaux de Gouvernance de la Banque Mondiale. Les données sont également utilisées pour les analyses des risques pays et par les agences de notation et de prévision du crédit telles que l’Economist Intelligence Unit. Tous les ensembles de données d’AB sont accessibles au public sur le site Web et peuvent être analysés gratuitement à l’aide de l’outil d’analyse de données en ligne d’AB.

Source AFROBAROMETER

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