"Je souhaite que le rapport général de nos travaux reflète la réalité des préoccupations et des recommandations exprimées par les Gabonais"

7 avril 20240
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Jerry Bibang Bi Ondo, membre du Réseau des Nation Unies pour la Paix, fait partie des participants du Dialogue national inclusif qui se déroule actuellement au Gabon depuis le 02 avril dernier à Libreville, date de l’ouverture officielle par le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. En nous accordant cette interview, le jeune acteur de la société civile souhaite que le rapport général des travaux reflète la réalité des préoccupations et des recommandations exprimées par les Gabonais.

1- Bonjour Monsieur Bibang Jerry, vous êtes un jeune acteur des vies associatives, votre dynamisme est conjugué au pluriel. Le Président de la Transition vous a fait l’honneur de participer au Dialogue national inclusif en cours, quel est votre sentiment d’être parmi les près de 600 participants ?

Je voudrais d’abord vous remercier pour la tribune que vous me prêter. S’agissant de votre question, ma nomination parmi les participants au Dialogue National Inclusif (DNI), suscite plusieurs choses à la fois :
 elle se présente comme la reconnaissance de mon engagement associatif depuis près de 10 ans, notamment à travers le Réseaux Panafricain des Jeunes pour la Culture de la paix (Payncop). L’enseignement à tirer est de croire en soi, à nos idées et de travailler sans cesse pour exprimer ce qui est en nous.
 C’est aussi une grande responsabilité qui pèse sur mes épaules. Sur plus de 8000 contributeurs, Être parmi les 600 commissaires qui définiront les bases de notre nouvelle République pour les prochaines années est une grande responsabilité. Nous sommes conscients que depuis le 30 août dernier, les Gabonais croient véritablement aux changements afin d’impacter positivement leur quotidien. Nous sommes donc à l’image du maçon qu’on juge au pied du mur. Les militaires ont fait leur part en libérant le pays, à nous de faire la nôtre. La responsabilité est immense mais nous sommes optimistes.
 l’autre point qui me paraît important à travers ma nomination, c’est le caractère objectif. C’est grâce à notre travail que nous sommes ici aujourd’hui. Au Gabon, nous sommes l’une des rares organisations de la société civile qui porte le plaidoyer sur la participation politique et citoyenne des jeunes depuis plus de 5 ans aujourd’hui. Nous avons mené plusieurs actions et projets dans ce cadre. Notre engagement sur ces questions est reconnue jusqu’au niveau international auprès des partenaires au développement, notamment les Nations unies, l’organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et bien d’autres.

Le 2 avril dernier a eu lieu, à Libreville, l’ouverture officielle du Dialogue par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition. Que peut-on y retenir ?

Le discours du Président de la Transition, à l’occasion de l’ouverture du DNI a été riche d’enseignements. Je retiens particulièrement les suivants :

 Le changement de mentalité nécessaire pour certains de nos compatriotes. Sans ce changement de minset, les efforts des militaires seront anéantis et les résultats attendus ne seront pas au rendez-vous. Dans ce cas, L’essor vers la félicité restera simplement comme un slogan mais pas une réalité
 Le Patriotisme. Placé en bonne place parmi les valeurs de la transition, le Président a insisté sur cette valeur en signalant que l’intérêt du pays doit être au dessus de nos intérêts personnels et égoïstes pendant ce Dialogue.
 Je retiens également l’appel à la responsabilité des différents acteurs pendant le Dialogue. Au titre de ces acteurs, il y a notamment vous, la presse. Vos stylos, micros, caméras et autres équipements peuvent aider soit à Construire le Gabon de demain ou à déconstruire l’œuvre entamée par les nouvelles autorités du pays. Chacun est donc responsable de la suite qu’on voudrait donner au Gabon de demain.

Qu’allez vous apporter à ce dialogue et qu’attendez vous en définitif ?

Comme bien d’autres participants, nous avons des problèmes à soumettre lors des travaux. Étant membre de la Commission Politique, sous commission Droits et liberté, nous allons demander la révision de certaines lois afin de les adapter aux réalités actuelles.

Au titre de ces lois, il y a la loi relative aux associations dans notre pays. Cette loi date des années 60 et ne cadre plus avec certaines réalités aujourd’hui. Il y a également la loi sur les quotas qui limite à 30/100 la participation des femmes et des jeunes aux responsabilités administratives et politiques.

Cette loi est injuste. Il est admis que les jeunes représentent plus de 60% de la population gabonaise. Pourquoi la participation des plus nombreux doit être limitée à 30% ? C’est une injustice. Cette situation doit être réparée pendant ce dialogue. Il y a d’autres problèmes comme la prise en compte des personnes vivant avec un handicap dans les politiques et actions publiques.

Cette prise en compte permet à cette catégorie sociale de jouir de leurs droits. (Droit à la santé, à l’éducation, au travail...) Malheureusement, cela n’est pas toujours une réalité dans notre pays. A titre d’exemple, les écoles, universités et hôpitaux manquent parfois de rampes pour les personnes à mobilité réduite. Cela constitue un véritable obstacle à leurs droits à l’éducation et à la santé. Voilà autant de problème que nous allons relayer au cours des travaux.

Pour finir, je souhaite vivement d’une part que le rapport général de nos travaux reflète la réalité des préoccupations et des recommandations exprimées par les Gabonais, et d’autre part, que ces recommandations ne finissent pas dans les tiroirs et sans application, à l’instar des anciens dialogues. Que la volonté des Gabonais soit matérialisée dans les textes (loi, constitution, décret.....) et que L’essor vers la félicité soit véritablement une réalité.

Propos recueillis par Martial TSONGA MBICKA

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