"Un Ministre, quelle que soit sa proximité avec le Chef de l’État ne dispose d’aucun droit de répercuter ses instructions à un Chef du Gouvernement"

11 juin 20240
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Je viens de lire avec une grande désolation intellectuelle dans les réseaux sociaux et par d’autres canaux masse médiatiques la note no0001002/MIS/CAB-M/CS-AN à la haute attention de Monsieur la Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la Transition, signée par le Ministre de l’intérieur.
(Conseil interministériel).

L’objet de cette note porte sur l’utilisation abusive des sirènes et gyrophares.

Si la quintessence de la note semble très appréciable, eu égard aux abus constatés, cependant l’ordonnancement juridicoadministrative relève incontestablement une méconnaissance des règles qui régissent l’administration.
Du point de vue la déontologie politique, cette note présente des carences qui désarticulent notre espace politique.

En effet, il est de très mauvaise aloi qu’un Ministre informe son Premier Ministre, du Gouvernement qui plus est, préside le Conseil interministériel des mesures prises par le président de la Transition, Chef de l’État. C’est une véritable aberration.

Dans une République qui se respecte et qui respecte la norme juridique et administrative, le Président de la République qui dispose d’un pouvoir d’injonction s’adresse directement à son Premier Ministre qui, à son tour, les répercute au Gouvernement.

Le Président, comme le disait le général de Gaulle"est l’homme de l’essentiel ". Où est l’essentiel, politiquement dans ce texte, si ce n’est la violation flagrante de la déontologie politique, l’excès de zèle et une diversion sans objet.

Un Ministre, quelle que soit sa proximité avec le Chef de l’État ne dispose d’aucun droit de répercuter ses instructions à un Chef du Gouvernement.

Cette note qui traduit une certaine insubordination politique peut mettre en mal les relations entre le Président de la Transition politique et son Premier Ministre. Surtout que la suspicion est devenue une prière matinale au Gabon. En le faisant, il expose d’ailleurs le Président de la Transition politique.

Pourquoi, ce Ministre de l’intérieur n’a t il pas fait une déclaration en Conseil interministériel ? Voulait-il exercer un trafic d’influence ou c’est un excès de zèle délibéré ?

Le prestige et la respectabilité d’un État se mesurent à l’aune de l’observation scrupuleuse de la norme juridico-administrative et des hommes calibrés qui mettent en musique la politique définie par le Chef de l’État.

Hier, ce fut des Arrêtés qu’on soumet à la signature du Président de la République sans tenir compte du principe de la hiérarchie des normes. Aujourd’hui, on nous sert un texte fait de bric et de broc.

Je pense que des Séminaires relatifs au fonctionnement des Gouvernements crédibles devraient être trimestriellement organisés.

Alfred NGUIA BANDA, Docteur en Droit,
DEA d’histoire des Idées politiques,
Maîtrise de Sociologie politique.
France

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