"QU’EST-CE QU’UN SCEAU ?" par Philippe César Boutimba Dietha

18 août 20220
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Le citoyen gabonais Philippe César Boutimba Dietha, à travers ses écrits, mène plusieurs réflexions sur divers sujets qui rentrent souvent dans le cadre de la prise de conscience collective. Ici, il mène ses réflexions sur les symboles de la République gabonaise.

MES RÉFLEXIONS SUR LES SYMBOLES DE LA RÉPUBLIQUE GABONAISE (3)
MON PREMIER TEXTE INTRODUCTIF SUR LES SCEAUX DANS NOS SOCIÉTÉS ANCIENNES

QU’EST-CE QU’UN SCEAU ?

À l’origine, le terme sceau signifie « signe de reconnaissance », autrement dit « symbole de propriété ou d’appartenance ». Pour utiliser un vocable populaire chez nous, un sceau est un logo. Notre monde moderne exige que chaque territoire, institution, entreprise, association, corps d’armée ou autre ait son propre sceau ou logo. C’est ainsi que le logo d’un pays s’appelle « Sceau de la République ». Mais les Gabonais n’ont pas découvert les sceaux avec les Français. Nos sociétés anciennes avaient leurs propres logos et sceaux.

LES SCEAUX DANS NOS TRIBUS

À l’époque de nos ancêtres, chaque tribu avait pour logo, une plante agricole dressée dans la cour. Un voyageur reconnaissait les domiciles de sa tribu en observant les végétaux dressés devant les concessions du village. Chez mes oncles maternels, c’était le pied de manioc, chez mes ascendants biologiques c’était l’atangatier, chez mes pères adoptifs (je parle des deux tribus qui ont épousé mes nombreuses mamans) c’étaient l’igname sauvage pour la première et le maïs pour la seconde. Et chez mes nombreux grands parents, pour certains, c’était le palmier à huile, pour les uns, le bananier, pour les autres, le pied de courge, pour d’autres le plant de citrouille, pour d’autres encore un crâne de gibier et ainsi de suite.

C’est à partir de ces sceaux que vous étiez accueilli comme une vieille connaissance, jusqu’à épouser une femme ou s’établir dans la région. De la même manière, le sceau de la République est posé sur la constitution gabonaise pour nous garantir des droits et des libertés fondamentales.

En 1999, Monsieur Semba Cyriaque dont je suis le « grand-père maternel » m’avait raconté une scène incroyable que lui-même avait vécue à Pana avec Maître Pierre Louis Agondjo Okawe. Un jour le président du Parti Gabonais du Progrès arrive avec sa délégation dans le chef-lieu du département de la Lombo Bouenguidi. Quand il prend la parole, le nkomi d’Omboué décline d’abord les noms des tribus de son père et de sa mère, non pas en dialecte omiènè mais en langue yinzebi. Ensuite il continue son discours. Quand il a fini, les notables lui indiquent les concessions de ses pères et de ses oncles maternels, ils demandent à ceux-ci de lui fournir une maison où il pourra loger son parti.

C’est ainsi que le PGP avait obtenu un siège politique à Pana. En 1990 les logos des tribus n’étaient plus plantés dans les cours, mais le principe existait toujours dans le protocole traditionnel, au point de fournir un domicile à un inconnu venu de l’autre bout du pays.

Ici la tribu est une image de votre pays et la plante agricole symbolise le sceau de la République. Dans le cas du Gabon c’est la « Maternité Allaitant ». Nous y reviendrons.

Libreville, le 18 août 2022
Philippe César Boutimba Dietha

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