Gamba/Igotchi, un rêve touristique…

6 mars 20190
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Sa vue aérienne aiguise les appétits des amoureux de belles découvertes, Igotchi, un village qui nourrit les rêves des aventuriers touristiques. C’est un endroit paradisiaque situé dans le département de Ndougou près de Gamba. Igotchi, c’est une autre vie que les jeunes cadres veulent maintenir vivant au-delà de sa faible population et des difficultés économiques

(Gabonews) : Le nom Igotchi en langue Lumbu, l’une des ethnies composant la carte culturelle de l’Ogooué-Maritime, renvoie à la curiosité, à la découverte : ‘’Plus bas devant’’. L’observateur est tenté de savoir ce qu’il y a devant, du moins, plus bas devant. ‘’C’est lors d’une marche de commerçants punu en forêt qui se sont retrouvés par hasard au village Igotchi suivant le bruit assourdissant des chutes. Plus ils avançaient dans leur marche, les bruits des eaux des chutes devenaient plus forts. L’un d’eux demanda d’où provenait ce vacarme’’ rapporte un jeune conteur, Karl Mihindou. L’un des marcheurs punu répondit : a ô tshi, ce qui signifie plus bas devant. L’administration par déformation a retenu, Igotchi.

Le village est situé au bord du fleuve Nyanga dans le canton Basse Nyanga à 3 h de voyage de Gamba, chef-lieu du département de Ndougou, le trajet est long d’environ 90 km. Le regard du voyageur curieux pousse au dépaysement à raison de la beauté de la nature. Avant de rallier Igotchi en pirogue, le visiteur devrait obligatoirement passer par Mayonami pour 2000frs, c’est un carrefour pour Tchibanga et Gamba voire l’hinterland. Depuis 2002 avec l’implantation du parc national de Moukalaba-Doudou, ce village se trouve dans l’emprise dudit parc national. C’est de l’installation de cette aire protégée que la Société forestière de la Nyanga a été contrainte de fermer les portes en 2003, car la zone était classée interdite de toute exploitation de bois. Hervé Baker, le patron de la SFN n’avait pas grand choix.

L’exode rural est un bémol pour le monde paysan, Igotchi n’en est pas épargné, à peine une centaine d’âmes. L’école a été fermée faute d’élèves. Quelques infrastructures sont visibles : école à l’abandon, case de santé. ‘’On a des problèmes de médicaments, l’école ne fonctionne plus, les parents ont envoyé les enfants en ville’’ déballe le chef du village, Nathalie Mouvangui qui plus est l’infirmière. Les habitants ont accès à une eau potable, les fontaines sont présentes.

Ce bled présente plusieurs facettes pour garder le visiteur. La diversité des sites à explorer pour des randonnées est un atout pouvant faire rentrer des devises. Au panorama d’Igotchi, il faut ajouter l’art culinaire. ‘’Quand les gens viennent, on partage un bon bouillon de carte, des plats de feuilles de manioc’’ détaille avec joie, Odette Ibondou. L’ingénierie rurale est une découverte à valoriser. Les touristes et autres visiteurs peuvent se faire des souvenirs à l’exemple des nattes tissées à base des pandanus. Les nattes sont vendues entre 8000 frs et 12000 frs cfa. ‘’Je suis ici avec une amie qui me parlait constamment d’Igotchi’’ confie Serge. La mise en place du parc expliquerait en partie les va-et-vient des curieux à Igotchi qui maintient intactes sa faune et sa flore sauvage.

Les cascades ou les rapides de ‘’Muland ù Kund’’ attendent les baigneurs, l’endroit exige la prudence pour les marcheurs. Igotchi regorge de merveilleuses surprises grâce à sa nature encore préservée des destructeurs. Le nouvel arrivant a la possibilité de prendre une chambre à partir de 3000 frs cfa à la ‘’cité touristique’’ qui existe depuis 2002 ou se faire héberger par l’un des habitants. L’hospitalité chez les lumbu est enviable. Le séjour reste inoubliable à Igotchi. ‘’Je me suis installé, il y a maintenant 25 ans’’ indique un saotoméen, Marteleméo Fernadez. Le parfum de la flore soulage le stress de ceux venus des centres urbains. ‘’Nous sommes loin des bruits des voitures, la nature a son langage’’ se réjouit Aubierge. Les paysages nourrissent les esprits des novateurs.

Karl Mihindou résidant à Libreville est un jeune cadre originaire dudit village, il a lancé des plateformes sur les réseaux sociaux afin de regrouper les ressortissants d’Igotchi. Récemment, il a partagé l’idée avec les autres de créer une association des enfants du village, Ngiénu qui signifie ‘’embouchure ou source’’. Notre but est d’entreprendre toutes les actions susceptibles de ramener tous les enfants à retourner au village afin de participer au développement en offrant des prestations humanitaires au besoin ambitionnent les membres. L’association envisage de promouvoir le patrimoine local pour créer des activités génératrices de revenus au bénéfice des populations. Au lendemain des élections locales d’octobre 2018, Adam Koumba Mihindou, un fils d’Igotchi, a été porté à la présidence du Conseil départemental de Ndougou, des espoirs naissent déjà.

Des lendemains meilleurs ou l’emploi à l’horizon se dessinent avec les prospections pétrolières dans la contrée.

‘’ Nous souhaitons que nos enfants à la recherche du travail soient pris’’ souhaite vivement le chef du village, Nathalie Mouvangui. L’agriculture et la pêche sont les principales activités qui procurent un peu de revenus. ‘’Je pèche régulièrement et, lorsque les captures sont bonnes, je vends’’ précise Stéphane. Le kilo de carpe s’arrache à partir de 1000 frs. Malgré le conflit homme/faune, les agriculteurs s’effraient un petit chemin vers la commercialisation des produits : banane, manioc pour ne citer que ces 2 spéculations. ‘’On a des problèmes avec les éléphants qui nous aident à entretenir les plantations’’ ironise Béatrice Maganga.

L’économie rurale se développe à dents de scie certes, mais avec courage et volonté, les regroupements associatifs peuvent déjà apporter des solutions d’abord pour ramener les uns et les autres à s’approprier les mécanismes de lutte contre les différentes formes d’exode rural. En saison sèche avec la vague des vacanciers, les petits commerces se développent et, l’affluence des visiteurs confirme l’attachement à ce petit paradis touristique. ‘’Igotchi tient son nom à une découverte hasardeuse de commerçants punu’’.

DKT/Karl SERGIO

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