"Ce que je pense des procès anti corruptions au Gabon" Philippe César Boutimba Dietha

1er août 20220
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Avec l’actualité brulante des procès anticorruptions qui se déroulent du coté du Tribunal de Libreville au Gabon, Philippe César Boutimba Dietha, toujours égal à lui-même, donne son point de vue. Il dit librement ce qu’il pense, et ce, de façon pédagogique.

Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,

1. Si vous volez une boîte sardines à Mbolo, vous serez neutralisé avant de sortir du magasin.

Au début, la boutique était surveillée par des vigiles qu’on pouvait dribbler ou corrompre. Au fur et à mesure, la direction a ajouté les caméras de surveillance et la vigilance électronique.

Désormais, la petite boîte sardines que vous ramassez est dotée d’un code électronique imprimé directement sur l’emballage. Le seul endroit où vous pouvez le désactiver c’est auprès de la caissière : dès que vous payez, la dame supprime l’alarme sur la boîte et vous pouvez sortir tranquille.

Mais les voleurs sont très intelligents. Pour échapper aux antivols, ils utilisent des sacs possédant une doublure en aluminium afin de neutraliser les alarmes électroniques. Un jour Mbolo a compris la supercherie et la direction a exigé que les clients laissent leurs sacs à l’accueil avant de pénétrer dans la boutique. Nous comprenons que stopper les vols et neutraliser les voleurs sont deux préoccupations fondamentales des responsables de Mbolo.

2. Aux alentours de l’hypermarché se trouvent plusieurs sanctuaires politiques, économiques et financiers du Gabon où les histoires de vol n’arrêtent jamais.

Tous les procès anticorruption nous montrent un pays sans surveillance électronique, comme si la boîte sardines de Mbolo était mieux gardée que l’argent du Gabon. Pourquoi nos dirigeants ne suivent-ils pas le bon exemple des petits boutiquiers d’à côté ?

 Comment un fonctionnaire arrive-t-il à voler l’argent du pays sans qu’une alarme se déclenche ? N’y a-t-il donc aucune patrouille digitale autours de nos finances publiques ?

 Comment un produit d’exportation non taxé arrive-t-il à sortir du pays sans qu’un antivol se mette à hurler ? N’y aurait-il aucun étiquetage sur notre bois, nos métaux précieux et nos hydrocarbures ?

 Comment une entreprise arrive-t-elle à surfacturer une prestation à l’État, sans qu’une alarme se déclenche ?

 Pourquoi le seuil critique des masses salariales ne s’est-il jamais déclenché dans nos entreprises, sociétés, institutions, conseils départementaux et municipalités ?

 Depuis plusieurs mois à travers les réseaux sociaux, un Gabonais vendeur de friperie affirme qu’au marché de Mont-Bouët, des marchandises seraient vendues dix fois plus cher que les taux prévus par la réglementation.

Pourquoi les sirènes de la Marie de Libreville et des ministères concernés sont-elles encore muettes ?

Libreville, le 31 juillet 2022
Philippe César BOUTIMBA DIETHA

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