Mairie de Libreville : "La poule aux œufs d’or"

9 juin 20210
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Dire que la mairie de Libreville est une poule aux œufs d’or est un poncif. Car ce n’est certainement pas pour les beaux yeux de Libreville, ‘’la coquette’’, que se déchainent passions et appétences.

Les enjeux sont ailleurs que dans la propreté et la salubrité de la ville, l’amélioration de l’éclairage public, des voiries urbaines, des recettes municipales… Si tel n’était pas le cas, Libreville, capitale du Gabon, Etat pétrolier du Golfe de Guinée, ne se retrouverait jamais dans une telle indigence, en si piteux état.

Le développement de la capitale gabonaise a été sacrifié sur l’autel de l’affairisme et de l’argent facile, motivations premières de tous ceux qui se démènent pour prendre le contrôle de l’Hôtel de ville de Libreville. Et Dieu seul sait combien ils sont nombreux.

Lors des dernières élections municipales, on a pu observer combien de fois le fauteuil de président du conseil municipal de Libreville était convoité. Le Parti démocratique gabonais (PDG), vainqueur des élections locales, a attendu la dernière minute pour désigner un candidat, tellement il était indécis à cause des pressions qu’il recevait tous azimuts.

Et quand bien même ce candidat a été investi, Eugène MBA, pour ne pas le citer, il s’est tout de même trouvé des groupes et des individus pour contester sous cape le choix souverain du Distingué camarade président (DCP) et, partant, du parti au pouvoir. Bizzare tout de même, lorsqu’on sait que la discipline est l’apanage du bon militant.

Les oiseaux de mauvaise augure ont continuè à battre campagne dans l’ombre, tout en faisant jouer leurs relations et leurs soutiens, pour faire pencher la balance de leur côté, au dernier moment. Mais mal leur en a pris.

On le sait aujourd’hui, certains ont même apprêté champagne et tee-shirts, pour célébrer leur victoire avec faste, oubliant qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué...Pitoyable !

Il n’est jusqu’à l’intérimaire qui a voulu jouer les prolongations mais a été stoppé net dans sa vélléité. Car, plutôt que d’expédier les affaires courantes, celui qui a été choisi pour prendre la succession du maire déchu, Léandre Zue, a mis tout le monde dans l’embarras à cause de ses manœuvres malhabiles pour terminer coûte que coûte le mandat en cours. Serge Williams, pour ne pas le citer, a pourtant tout fait, tout mis en oeuvre avec ruse, pour s’accrocher. Mais quand ça ne veut pas passer...

Le poste de maire de Libreville est tellement juteux qu’il fait perdre toute lucidité. Profitant de leur position au cœur du pouvoir, certains, à défaut de pouvoir s’installer eux-mêmes dans le fauteuil du président du conseil municipal, font dans le trafic d’influence, tirent les ficelles dans l’ombre, pour avoir au moins la mainmise sur l’hôtel de ville.

Ils œuvrent pour épouvanter le maire élu, à défaut de le faire chanter ou de l’intimider. On lui colle des motifs, le menace de la prison, etc. Dans l’objectif bien compris, le seul qui vaille, de contrôler l’administration municipale et placer leurs affidés aux postes directement en lien avec la gestion des recettes et des finances municipales : Inspecteur général municipal (IGM), Directeur général des affaires économiques (DGAE), Directeur général des finances (DGF)… Tout cela au détriment des agents et des cadres de la "maison" dont la compétence est largement au-dessus que celle des parachutés au profil souvent quelconque, en provenance d’autres administrations. Mais qu’importe !

La compétence et le professionalisme sont des critères secondaires quand il faut mettre en place un dispositif bien huilé pour capter les recettes municipales.

Dans un tweet, rendu public, lundi 24 mai dernier, une association des jeunes commerçants gabonais du marché de Mont-Bouët, révèle que ‘’deux millions de FCFA sont versés chaque semaine à certains responsables de l’hôtel de ville’’.

Le tweet fait état de l’existence, dans get espace commercial, d’une "organisation digne de la mafia italienne" ainsi que de ‘’contrats douteux et frauduleux établis au bénéfice des multiples sociétés de sécurité’’.

"Qui sont derrière les sociétés de sécurité" ? "Où allaient les millions de FCFA de la régie financière de la Direction générale des affaires économique, suspendue par le maire de Libreville’’ ? "Où est passé l’argent des droits de places (au marché) de la dernière mission" ? Ces questions égrenées sous forme de réquisitoire, par les jeunes commerçants, prouvent à suffisance l’ampleur de la corruption et des malversions au marché Mont-Bouët.

Selon toujours l’organisation des jeunes commerçants, la dernière mission sur les droits des places a ciblé 7000 commerçants, qui se sont acquitté chacun de 22 000 FCFA, soit au total 154 millions de FCFA. Cet argent a pris une direction inconnue. Et il est introuvable jusqu’à aujourd’hui.

Ces révélations ne portent que sur une infime partie visible de l’iceberg. On tomberait des nues s’il nous était donné de connaitre sa partie immergée. Le marché de Mont-Bouët est la plaque tournante de tous les trafics. Tous les coups y sont permis pour s’enrichir : vols, racquets, escroqueries...
D’ailleurs, on n’est jamais tout à fait parti de Mont-Bouët...Même après leurs mandats, maires ripoux, conseillers véreux, responsables indélicats y conservent toujours quelques intérêts, quelques affaires, gérées soit directement par eux-mêmes soit par des intermédiaires turbulents, vêtus comme Gavroche.

Face à tout ce qui précède, on peut conclure que le débat sur l’alternance à la mairie de Libreville entre les Mpongwè et les Fangs, deux groupes ethniques autochtones de la province de l’Estuaire du Gabon, est un faux débat et que toutes les thèses échafaudées pour mettre fin à cette loi non écrite ne sont que prétextes fallacieux pour s’emparer de la poule aux œufs d’or. Rien d’autre !

Nombre de Gabonais originaires d’autres provinces que l’Estuaire trônent allègrement dans la haute administration à des postes de responsabilités importants et stratégiques (Ministres, DG ou PDG de sociétés…). Pour autant, notre pays n’est pas encore sorti du marasme, en dépit de l’expertise avérée et du génie qu’on leur reconnait. Malversations, mauvaise gestion et mauvaise gouvernance sont denoncées au quotidien.

Laissez-nous mettre en doute, qu’une fois aux commandes de la mairie de Libreville, ils puissent accomplir, comme par miracle, ce qu’ils ont été incapables de réaliser ailleurs, dans des structures étatiques, parapubliques ou privées. Le génie s’exprime partout sans distinction et sans limite...

Autre détail qui ne manquerait pas de piquant s’il advenait un jour qu’un non-originaire de l’Estuaire accède à l’Hôtel de ville, il nous serait alors donné l’occasion d’assister à un spectacle cocasse : celui d’un élu local de l’Estuaire allant faire des dons aux populations de son village natal, dans une lointaine contrée du Gabon profond, au détriment de ses électeurs de la capitale. Mais là n’est pas le plus important.

Le débat est donc ailleurs. Les intrigues en cours, à venir ou en gestation ne sont pas pour le développement de notre chère capitale. Loin de là ! L’objectif de tous les intrigants qui s’agitent est de s’en mettre plein les poches.

C’est ainsi que peut se comprendre la cabale dont a été récemment victime le nouveau maire, un homme intègre, que l’on veut absolument noircir parce qu’il a décidé de rompre avec l’affairisme ambiant. Nous n’en dirons pas plus… Comment quelqu’un, Eugène MBA, un homme intègre, qui a eu l’onction du DCP, pour gérer la mairie de Libreville, peut faire l’objet de tant de tracasseries. On nage en plein vaudeville.

A M P

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