GABON/Les spéculations autour de la santé d’Ali Bongo Ondimba

30 octobre 20180
Partager

Depuis une semaine au Gabon, la population accorde une attention particulière aux nouvelles relatives à l’état de santé d’Ali Bongo Ondimba. La maladie du Chef de l’État gabonais a révélé une désaffection surprenante et certains voient même l’occasion propice pour le transfert de pouvoir à Jean Ping, considéré par une partie des Gabonais comme le « président élu » en 2016.

Après la crise postélectorale de 2016, le Gabon semble friser une nouvelle période de troubles. Bien que certains "résistants" tiennent encore des manifestations sporadiques en France, au pays la page semblait être tournée. Or la convalescence du président Ali Bongo apparaît comme un nouvel espoir pour les soutiens de Jean Ping. Ces derniers, qui n’étaient plus très visibles, ressurgissent progressivement depuis l’hospitalisation du Chef de l’État à Riyad (Arabie Saoudite). Sur la toile, les critiques de tous les genres fusent.

Accusant « une fatigue sévère », des médecins ont prescrit au dirigeant gabonais du repos. La nouvelle est venue de l’alerte d’un journaliste blogueur, relayée par plusieurs médias étrangers. La vague de commentaires, particulièrement caractérisée de manifestations de joie sur la toile, a fait pression à la présidence. Son porte-parole, qui avait pourtant animé une conférence de presse vendredi 26 octobre au cours de laquelle il n’avait rien dit alors que le malaise est survenu le 24, a dû faire deux interventions en 24 h, samedi et dimanche, pour arrêter la furie des internautes gabonais. Les conditions de diffusion de cette information semblent avoir pris de court les pratiques de manipulation de l’opinion et de désinformation.

Observateur de la scène politique de ce petit pays d’Afrique centrale, un politologue estime que « l’opinion gabonaise s’est saisie de cet événement et suit désormais avec une attention soutenue, le flou entretenu par le régime et les supputations et les complots en cours de préparation pour faire perdurer la prise de pouvoir de 2016 ». aPour lui, dans ce méli-mélo, deux courants prédominent : « Premièrement, le peuple Gabonais ne fait pas mystère de son rejet de la personne d’Ali Bongo. C’est un fait rarement vu entre un peuple et un responsable politique. Ensuite, il y a la mobilisation anticipée contre toutes les combinaisons dans l’ombre pour suppléer Ali Bongo. Car par-dessus tout, la vérité sortie des urnes et l’élection de Jean Ping, restent d’actualité », conclut l’universitaire.

Depuis l’annonce du mal du président actuel et surtout face aux différentes idées qui circulent, la population affiche comme une mise en garde contre ceux qui doutent de sa lucidité. Le taux d’abstention-record des dernières élections (plus de 90% pour le second tour) est très révélateur. La population paraît déterminée à ne plus participer à des « simulacres » privant de tout épanouissement.

GMN

Dans la même rubrique

0 Commentaire(s)

Poster un commentaire