CGC : La raison des grèves à répétition

2 mars 20180
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Depuis le 16 Février dernier, certains agents du Conseil Gabonais des Chargeurs (CGC) ont à nouveau déclenché un mouvement de grève, au motif du non-paiement de la totalité des arriérés de salaires du mois de Janvier 2018.

Cette situation résulte des difficultés financières auxquelles fait face le CGC, informe son Directeur Général, Liliane Nadège NGARI dans une communication datant du 1er Mars 2018. Le CGC est un établissement public à caractère administratif, dont le budget est essentiellement alimenté par les ressources tirées des commissions perçues sur le droit de trafic maritime, des frais de Bordereaux d’Identification Electronique de Traçabilité des Cargaisons (BIETC) et des cotisations des chargeurs ; l’établissement ne bénéficie pas d’une subvention directe de l’Etat.
Si la loi prévoit ces ressources financières, en revanche plusieurs difficultés subsistent en ce qui concerne le financement de ses missions et activités, et le recrutement effectif de la totalité de certaines recettes mises à sa disposition.

Au-delà de ce constat, l’on doit dire la vérité que la dégradation constante de la situation financière du CGC est consécutive, d’une part à des facteurs exogènes (la crise économique et financière qui frappe notre pays, les impacts de certaines décisions gouvernementales, la volonté délibérée des transporteurs maritimes des minerais et des hydrocarbures de ne pas respecter l’article 10 de l’ordonnance n°009/PR/2014 relative à l’encadrement du trafic généré par le commerce intérieur et extérieur en la République Gabonaise, ratifiée par la loi n°0027/2014 du 3 Février 2015) ; et d’autre part, à des facteurs endogènes ( la mise en place d’une convention collective caractérisée par une revalorisation des salaires et avantages sociaux, une pyramide inversée des effectifs jugés plus ou moins pléthoriques).

Des facteurs exogènes

Le CGC, comme tous les établissements publics ou privés, est victime de la mauvaise conjoncture économique et financière qui frappe le pays. La réduction du trafic de fret maritime de l’ordre de 37% en 2017, a eu pour conséquence directe la baisse drastique de ses recettes budgétaires. En plus, les mesures d’interdiction des exportations de bois en grumes, des Importations de véhicules d’occasion de plus de 5 ans, des Importations de ciment, décidées par le Gouvernement à juste titre et sans compensation financière pour le CGC, n’ont fait que fragiliser la situation financière de l’établissement, le mettant ainsi dans l’incapacité d’assurer son financement.

A cela s’ajoute les mesures de réduction successive du taux de la commission perçue auprès des armateurs sur les droits de trafic maritime (5% et 4%), aux fins de lutter contre la cherté de la vie. L’ensemble de ces mesures représentent, entre 2012 et 2017, un manque à gagner important pour le CGC.

Au surplus, le CGC est confronté à la résistance des armateurs de navires minéraliers à s’acquitter de la commission sur les droits de trafic, en violation des dispositions de l’article 10 de l’ordonnance du 20 Aout 2014 citée dessus, selon lesquelles « En contrepartie des charges résultant de la gestion et du contrôle des droits de trafic, le CGC perçoit des transporteurs du fret du commerce intérieur et extérieur ou de leurs représentants, y compris les transporteurs de pétrole brut et de minerais, une compensation financière dénommée commission sur le droit de trafic sectoriel, en abrégé (CDTS) parmi les représentants de navires minéraliers récalcitrants se trouvent SAGA-GABON du groupe Bolloré Transport et Logistique.

Aussi, cette commission avait déjà été perçue par le CGC entre 1999 et 2000, et elle est perçue dans certains Conseils des Chargeurs de la Sous-Région en ( République du Congo et Angola) auprès des mêmes opérateurs économiques. Mais, la résistance observée auprès de ces opérateurs maritimes et le fait de certaines compagnies minières, la Compagnie Minière de l’Ogooué (COMILOG), qui refuse unilatéralement de s’acquitter de la redevance prévue par les textes en vigueur. Or, la loi instituant l’obligation de s’acquitter de cette commission est la transposition en droit positif gabonais de la résolution du 22 Octobre 1999 de l’Organisation des Etats de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (OMAOC) qui réaffirme les droits de trafic comme mécanisme de financement de la sécurisation et du développement du secteur maritime ».

Des facteurs endogènes

Depuis le mois d’Avril 2017, la Direction Générale du CGC a été contrainte d’accepter la mise en œuvre d’une nouvelle grille de salaires issue d’une convention collective signée avec les partenaires sociaux, après accord du Conseil d’Administration.

La mise en œuvre de cette grille répondait aux préoccupations des salariés représentés au sein des deux organisations syndicales du CGC (SYNATRA et SYNA CGC), qui avaient demandé la revalorisation des salaires pour favoriser la paix et la stabilité sociale dans l’établissement. Cependant, l’application de cette nouvelle grille salariale a eu un effet mortifère sur son fonctionnement ; elle impacte négativement sur la masse salariale qui s’élève désormais à 4.368.196.748 FCFA (Quatre milliards, trois cent soixante-huit millions, cent quatre-vingt-seize milles, sept cent quarante-huit Francs CFA) sur un budget exécuté en 2017, en recettes et en dépenses de 5.094.261.586 FCFA (Cinq milliards, quatre-vingt-quatorze millions, deux cent soixante un milles, cinq cent quatre-vingt-six Francs CFA), soit un ratio masse salariale/budget de 85,74%.

« Les recettes propres ne suffisent plus à couvrir les charges salariales, qui se caractérisent par une pyramide inversée de ses effectifs, jugés plus ou moins pléthoriques, comparativement aux autres Conseils de Chargeurs ou organismes assimilés de la Sous-Région. Le CGC emploie 251 personnes, 20 agents sont manifestement en grève, et les 231 autres restent mobilisés par le travail et réalisent les actions prévues pour l’année 2018, et ce en dépit du paiement progressif des arriérés de salaires. C’est ainsi que fonctionne l’établissement. C’est pourquoi, le Gouvernement a décidé de commettre une mission du comité de privatisation au CGC. Cette mission consiste à faire un full audit sur le plan Organisationnel, Juridique, Comptable et Financier. Cette mission devrait déboucher sur des propositions efficaces de restructuration, afin de rétablir un équilibre financier entre les charges et les recettes, ramener in fine la paix sociale au sein de l’établissement », conclu Liliane Nadège NGARI.

Par S.E MISSEVOU pour GABONEWS

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