Programme GRAINE : quel modèle de coopérative agricole adapté pour une meilleure performance ?

24 novembre 20200
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WWF-Gabon a récemment organisé à Libreville avec l’appui de l’AFP, un atelier de restitution de l’étude sur le modèle de coopérative proposé par le projet GRAINE. Il était question lors de cette rencontre de présenter les résultats préliminaires et susciter l’intérêt et les amendements des parties prenantes de ces secteurs pour une amélioration du fonctionnement du programme de la Gabonaise des Réalisations Agricoles et des Initiatives Engagées (GRAINE) qui est décidément à la bourre.

Cet atelier qui s’est tenu le 20 novembre dernier s’inscrit dans le cadre du projet « Mobilisation des Organisations de la Société Civile pour la mise en œuvre des engagements socio environnementaux des entreprises agro-industrielles dans la province de la Ngounié  » cofinancé par le WWF Pays-Bas et l’Agence Française de Développement(AFD).

L’étude a pour objectif de montrer la faisabilité et l’impact socio-économique et environnemental du modèle de coopérative agricole proposé par « GRAINE  » (en termes de Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces (SWOT)) ; et de proposer des recommandations et des ajustements du modèle qui pourront être les différents points d’appui ou interventions de WWF Gabon des communautés riveraines des zones de conservation.

Dans son propos d’ouverture, Terrence Ekanje, Directeur national par intérim de WWF Gabon a indiqué que son organisation a recruté un consulté expérimenté sur les coopératives « pour produire cette analyse qui s’inscrit dans l’objectif du pays de redynamisation du monde rural et la nouvelle approche de WWF Gabon de la conservation inclusive, c’est-à-dire, l’appui aux communautés voisines des zones de conservation les alternatives de générations de revenus  ». Non sans ajouter que : « notre objectif est de faire des organisations de la société civile (OSC) gabonaise, des acteurs qui contribuent activement à l’amélioration de la gouvernance des exploitations agro-industrielles et forestières en veillant au respect des engagements environnementaux et sociaux pris par les exploitants ».

Selon le consultant, Pr. Cyrille Bergaly Kamdem, la situation des coopératives sur le terrain est assez inquiétante. Car, sur 843 coopératives créées par GRAINE, seules, 102 sont encore en activités. Cela s’explique par le fait de la suspension de la subvention aux coopératives qui a provoqué un relâchement des équipes. Pour le consultant, « ces 102 en activité restent encore fragiles de leur dépendance du soutien de la SOTRADER. Notre position est de leur rendre plus autonome en leur donnant des moyens autonomes, notamment en leur octroyant des tracteurs par exemple  ».

Concernant les forces, le consultant qui était le principal orateur, a énuméré la mobilisation des agriculteurs dans les coopératives, la construction des centres de trempage, la construction de certaines infrastructures (les écoles et les centres de santé). Sur les faiblesses, « nous avons remarqué la non-maîtrise des principes coopératifs par les membres des coopératives du programme GRAINE, le manque d’autonomisation des coopératives du programme GRAINE à l’utilisation des équipements des productions agricoles ce qui fragilise ces coopératives, notamment violant le principe d’autonomisation d’indépendance des coopératives selon l’acte OHADA qui régit les coopératives en Afrique  ».

Pour y faire face, il faudrait, selon l’étude, une l’autonomisation des coopératives en vue d’acheter leurs propres équipements pour continuer à produire et mener leurs activités même à la fin du programme ; une formation sur la maîtrise des principes de coopératifs afin de fonctionner dans un esprit coopératifs et d’éviter l’appropriation de la coopérative par une seule personne ou alors la disparition des coopératives à la fin du programme graine ; une formation, pour les membres des coopératives sur les itinéraires techniques qui leur permettent de comparer leur production en fonction du niveau optimal de production afin de comprendre les raisons de faibles niveaux de production et trouver des pistes de solutions.

La président de L’Ong FENSED (Femme, environnement, santé et éducation), Edwige Eyang qui s’est intéressée à l’intégration de la femme dans ce programme, s’est dite satisfaite de ce ces résultats préliminaires. Néanmoins, elle a formulé des suggestions pour un meilleur rendement des coopératives, notamment : « améliorer les techniques. Si elles peuvent avoir des outils qui leur permettent de mieux se simplifier leur travail et le rendre moins pénible. Cela serait un plus. De mieux encadrer, parce que parfois, elles se sont juste mises en association. Il manque les aspects de gestion, les aspects de mangement, les aspects de circuit commerciaux pour écouler leur marchandise. Elles sont très focus la production et le début de la transformation etc… Et surtout, si les femmes peuvent avoir des titres fonciers pour leurs coopératives, cela va permettre de sécuriser leurs activités et les pérenniser  ».

Lancé par le gouvernement gabonais en Décembre 2014, GRAINE avait pour ambition d’aller progressivement vers l’autosuffisance alimentaire, de maintenir le milieu rural dynamique face à l’exode rural observé et surtout de réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’industrie pétrolière et de diversifier l’économie. Le programme envisageait d’aménager 200 000 ha de terres agricoles.

Au cours de l’année 2017, la Banque Africaine de Développement (BAD) est venue en appui au programme avec un prêt de 65 milliards FCFA pour des infrastructures qui doivent accompagner « Graine » et un Don de 800 millions FCFA pour le renforcement des capacités organisationnelles des coopératives et la mise en place d’un système d’accessibilité aux services bancaires des coopératives (coopératives-opérateurs de téléphonie mobile-banque). Aujourd’hui, tous ces objectifs n’ont pas été atteint et les agriculteurs commencent véritablement à perdre espoir.

Madane Meye, agent à la Direction générale du développement rural (DGDR), a signifié qu’il y avait plusieurs points positifs dans cette étude, et qu’il faut « qu’on se saisisse des principes coopératifs pour assoir la culture coopérative. La culture coopérative c’est quand on a tout de suite des intérêts, quand l’Etat peut aider, quand les ONG peuvent aider. Mais une fois ces ONG sont parties généralement la coopérative meurt. Je pense que l’esprit coopératif devrait animer l’ensemble de tous ceux qui s’occupent de l’agriculture au Gabon. Pour se faire, il est important selon la définition de l’ACI que l’on se saisisse des principes coopératifs. On sait exactement quand on a les mêmes besoins, quand on a les mêmes objectifs on peut se regrouper. Et plus on est regroupé, mieux on peut résoudre les problèmes  ».

Terrence Ekanje a assuré que les recommandations sur ces résultats préliminaires seront une réponse à l’amélioration de la performance des coopératives agricoles au Gabon, et constituent surtout les leviers d’action pour WWF dans le cadre de sa nouvelle approche dénommée la conservation inclusive.

DO

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