"Non à l’exclusion disproportionnée et abusive des élèves à Franceville ! "

9 novembre 20210
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Les élèves Ngoua Alexis, Mbani Rakia et Ntsele Benicia ne retrouveront pas le chemin des classes à Franceville (capitale provin- ciale du Haut-Ogooué) ce lundi 8 novembre 2021. Et pour cause : l’exclusion disproportionnée et abusive prononcée le 5 novembre dernier par le conseil de discipline du Lycée international technologique et professionnel Célestin Mayika.

Pourtant, le proviseur, le censeur et le président du conseil de discipline de cet établissement ne sont pas eux-mêmes exempts de critiques, au regard notamment du nombre de fautes contenues dans leur document administratif faisant office de “procès-verbal”.

Sur la forme :

1. Ces enseignants ignorent l’intitulé exact de leur ministère de tutelle (du Transfert des technolo-
giques ?) ...
2. Ils peinent à écrire correctement “procès-ver-
bal” !
3. Que dire de ce bout de phrase : "La vidéo (...) qui l’on manifestée...", dont le pronom "on" remplacerait le verbe ?
4. Mais aussi : "Le Conseil de discipline de la dite structure décidé" (“La dite ou ladite” ? “Décidé, à décidé ou décide” ? Au lecteur de deviner certainement).
5. Enfin : "Fait à Franceville le, 05 novembre 2021" (la virgule viendrait plutôt après “Franceville”).

Sur le fond :

L’impair commis par ces élèves à Franceville permet au moins de dévoiler le danger que représente le niveau de certains enseignants censés les encadrer. Le ministère de l’Education nationale est ici interpellé pour y effectuer une mission d’inspection et une enquête de conformité sur les critères de recrutement. Voici le type d’enseignants qui dévalorisent un métier aussi noble pour l’avenir du pays. Les syndicats du secteur éducatif devraient également se pencher sur ce cas. Il faut évidemment condamner le contenu de la
vidéo des élèves qui simulaient un acte de fellation. Mais, pour rester objectif, personne n’y a vu leur nudité. Et ils étaient hors de l’établissement. Ce détail vaut son pesant d’or.

Parce que le “règlement intérieur" ne s’applique que dans l’enceinte de l’établissement. L’acte posé sur la place publique par ces élèves, qui semblaient s’amuser simplement, peut certes troubler la tranquillité publique ou porter atteinte aux mœurs. Dans ce cas, c’est aux tribunaux de droit commun de trancher après saisine du procureur. Aucune procédure ou décision n’a été notifiée dans ce sens. D’où vient alors l’abus de pouvoir d’un conseil de discipline composé d’enseignants qui mériteraient eux-mêmes d’être renvoyés de leurs fonctions au regard du nombre de fautes commises sur un simple procès-verbal ?

A ce sujet, sieur Medzo, fonctionnaire de secteur
éducatif, faisait remarquer qu’“il ne suffit pas d’avoir la craie plein les mains pour se prévaloir enseignant. Autant l’imposture existe dans le journalisme ou la médecine, autant on est là devant l’imposture qui mine le secteur éducation au Gabon. Nous avons, dans le cas d’espèce, un promoteur qui a créé son affaire et mis à sa tête des imposteurs. Aucun des signataires de ce chiffon n’est nullement un enseignant formé par l’Ecole normale supérieure (ENS). Sinon, comment comprendre que le proviseur ne soit pas le président du conseil de discipline comme les textes le prévoient ? En plus, aucun conseil de discipline n’est autorisé à exclure définitivement un élève. C’est une décision du ministre en charge de l’Education nationale qui acte l’exclusion définitive. Le conseil de discipline ne fait que proposer à l’exclusion. Malheureusement, les textes ne sont pas connus de tous, et on va vers ces abus.”

Il faut également noter que l’argument porté sur l’uniforme est insuffisant. Puisque de nombreuses personnes étaient incapables d’identifier cet établissement à partir de la "tenue scolaire" apparue dans l’élément vidéo incriminant.

D’ailleurs, des actes similaires sont tous les jours commis par les enfants ou les élèves loin des établissements. Ceux ici abusivement sanctionnés ont juste eu la malchance d’être filmés. Un rappel formel à la loi devrait suffire, en lieu et place d’une exclusion définitive. Parce que l’élève et son tuteur demeurent aux yeux de la loi responsables des actes posés en dehors de l’établissement.

Les enseignants doivent d’abord faire preuve de pédagogie en exigeant des campagnes de sensibilisation de nos élèves face aux défis imposés par l’utilisation à bon escient des nouvelles technologies de l’information.

Quand certains responsables d’établissements acceptent que des artistes à la moralité douteuse jouent ce rôle, pendant que le gouvernement de la République les élève au rang d’ambassadeurs d’on ne sait quoi... Quelle image est renvoyée à ces élèves et à la société ? N’est-ce pas banaliser l’immoralité ?

D’aucuns diront que des artistes comme Beyoncé et Nicky Minaj le font aux Etats-Unis. Mais il serait davantage opportun de copier le niveau de développement de ce pays avant d’en copier les travers et les dérapages.

L’inspection académique provinciale, les autorités compétentes et le ministère de l’Education nationale doivent donc faire annuler cette exclusion disproportionnée et abusive.

Étienne Francky MEBA OONDO
Dit Meboon Môôn Meba Ondo

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